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CANNES 2014 Distribución / Francia / Dinamarca / España

Une question de survie

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- CANNES 2014: A l'Assemblée des cinéastes de la Quinzaine des Réalisateurs, des metteurs en scène et producteurs indépendants ont discuté des difficultés qu'ils rencontrent lors du financement et la distribution de leurs films

Une question de survie
La Asamblea de los Directores en plena actividad

Malgré les nombreuses nouvelles pistes offertes par l’ère numérique aux financements des films et à leurs diffusion sur différentes plateformes, produire et distribuer des films indépendants reste difficile. "Nombre de films ne rapportent pas d’argent,” a souligné la réalisatrice danoise Lone Scherfig (Italian for Beginners, Une éducation [+lire aussi :
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) lors de l’Assemblée des cinéastes organisée par la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, un rendez-vous dont le sujet était cette année “Que veulent les cinéastes de l’Europe de demain ?”. “C’est une lourde tâche pour les producteurs, de s’occuper de films qui ne font pas gagner d’argent”, a-t-elle poursuivi.

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Comme le célèbre écrivain et réalisateur Walter Salles (Central Station, Carnets de voyage [+lire aussi :
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) l’a expliqué, le cinéma d’art et d’essai s'est toujours trouvé dans une situation délicate au Brésil : la prédominance des productions hollywoodiennes au Brésil est telle qu’il est devenu impératif de réinventer la manière de présenter les films nationaux. “Le cinéma brésilien est en perpétuelle renaissance, a-t-il expliqué. Le Brésil a traversé, en 1989, une crise difficile : pendant cinq ans, aucun film n’a été produit”. Et puis, en 1994, le Brésil a créé un système d’aides publiques au cinéma. “Il était nécessaire d’avoir le reflet de notre propre culture sur nos écrans, et le cinéma est le meilleur médium pour ça”, a-t-il ajouté.

Salles est convaincu que prendre un risque artistique peut se révéler rentable. “Beaucoup de réalisateurs brésiliens tournent des comédies. Mais auront-ils un avenir?”. Pour le cinéaste, les aides publiques au cinéma constituent la meilleure solution, même si le financement participatif (ou crowdfundingà est désormais une pratique plus courante.

En Espagne, la situation des cinémas d’art et d’essai est désastreuse, il y a beaucoup de téléchargements illégaux. En dix ans, le nombre d’entrées dans les salles est passé de 100 à 70 millions par an. “Nous devons agir”, a déclaré le réalisateur espagnol primé Pablo Berger (Blancanieves [+lire aussi :
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). Nous perdons notre public au cinéma mais aussi de l’audience à la télévision”. Une des principales raisons de la crise en Espagne est la hausse de la TVA sur les spectacles, qui est passée de 8% à 22%.

En France aussi, la distribution des films d’art et d’essai devient de plus en plus difficile. “Le public veut regarder ces films en VàD”, a expliqué le réalisateur français Christophe Ruggia (The Devils). “Chaque semaine, 20 nouveaux films arrivent sur les écrans français.” Le rythme d’exploitation est extrêmement rapide ; en conséquence les films restent très peu de temps à l’affiche : “Que pouvez-vous faire lorsque votre film quitte l'affiche après une semaine ou deux d’exploitation ? Nous devons trouver une solution, c’est une question de survie”.

Le réalisateur estime qu'il est important de maintenir la fenêtre réservée à la distribution en salle à trois mois, pour la protéger, "mais qu'est-ce que je protège si mon film est dégagé de la programmation après deux semaines ? Il est important pour moi de pouvoir faire circuler mon film autrement, parce que je n'ai pas les moyens d'organiser une deuxième campagne trois mois après".

Il existe également en France un conflit en matière de chronologie des médias concernant les chaînes de télévision, entre les chaînes payantes, DVD, VàD et les antennes gratuites. Un nouvel acteur dans le panorama, Netflix ouvrira en septembre une plateforme de VàD pour le territoire français, ce qui risque changer fortement la donne. “Pour protéger l’économie de la VàD, France 2 et Canal Plus se battent pour empêcher cela et protéger le système actuel”. 

Les réalisateurs présents à l'assemblée sont d'accord sur le fait qu'un film a de meilleures chances d'avoir une belle carrière s'il sort au cinéma. "Un film est fait pour être découvert sur les écrans ", a résumé Salles. "Les films qu'on aime le plus sont ceux qu'on a vus au cinéma", a fait observer Scherfig. “Les enfants qui grandissent aujourd'hui vont télécharger des films, mais il faut que ces enfants connaissent l'expérience du cinéma. Il est donc important de proposer des initiatives scolaires soutenues par Europe créative", a dit la Hongroise Ágnes Kocsis (Magyarország 2011).

Les réalisateurs s’accordent sur le fait que la vie d’un film a des meilleures chances de succès s’il sort au cinéma. “Un film est fait pour être découvert sur les écrans,” conclus Salles. “Vos films préférés sont ceux que vous avez vu au cinéma,” fait remarquer Scherfig. “Les enfants qui grandissent aujourd’hui téléchargeront les films sur internet,” a souligné la réalisatrice hongroise Ágnes Kocsis (Magyarország 2011). “Les gamins ont besoin de découvrir « l’expérience cinéma ». Il est donc important de proposer aux enfants des programmes scolaires soutenus par Creative Europe.”

Birgit Heidsiek

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(Traduit de l'anglais)

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