email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FESTIVALS France

Série Series : quand les chaînes se font créatives, 2ème partie

par 

- Les chaînes européennes parlent de leur ligne éditoriale et de leur vision de long terme. Deuxième série d'intervenants : Hanne Palmquist (SVT, Suède), Katrine Volgelsang (TV2, Danemark) et Sveda Shishmanova (BNT, Bulgarie)

Série Series : quand les chaînes se font créatives, 2ème partie

La fiction a la cote en Europe, et les séries nationales sont un excellent biais pour les chaînes de télévision qui veulent avoir une identité éditoriale claire et reconnaissable. En 2014, les dix plus grands pays européens ont produit en tout 715 nouvelles séries. Le public a soif de contenus nationaux, et les séries européennes progressent aux dépens de leurs camarades américaines. La coproduction est ainsi en train de devenir un outil important pour les chaînes de télévision aussi.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Il y a quatre chaînes principales en Suède, mais c'est la chaîne publique nationale SVT qui domine le marché. La Suède a produit ces dernières années plusieurs séries à succès, comme Bron (The Bridge), Real Humans et The Legacy. SVT dispose de pas moins de 11 créneaux où placer ses productions, ce qui explique qu'elle coproduise avec d'autres chaînes nordiques au moins quatre séries télévisées longues par an. The Bridge, coproduit avec des partenaires danois, fait un tabac – la saison 3 va démarrer en septembre. Les droits de la série ont été vendus pour plusieurs pays, et des remakes sont en préparation en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Le budget de la série est de 30 millions d'euros par an tout compris. Les fictions en général sont en position de force dans les grilles de programmes, et elles fonctionnent aussi très bien sur Internet. SVT produit des polars classiques, mais la chaîne fait aussi des mini-séries et des webséries dramatiques. Les producteurs indépendants suédois sont de leur côté de plus en plus efficaces, comme ils l'ont tout spécialement prouvé dans le contexte de coproductions internationales. Comme SVT a de nombreux créneaux à garnir, cela lui permet et de commander de nouvelles saisons pour les programmes qui marchent bien, et d'en créer de nouveaux. Récemment, le thriller surnaturel Jordskott a créé la surprise, conquérant apparemment plus de spectateurs qu'on ne l'avait imaginé. Les créateurs au sein de la chaîne ont été épatés que ce programme d'un genre hybride plaise autant à son public habituel, globalement d'âge mûr, qu'aux jeunes. En 2016, SVT va revenir un peu à la comédie, tout en continuant de créer des séries dramatiques (en réduisant toutefois la cadence).

Depuis l'arrivée de la télévision câblée il y a quelques années, le paysage télévisuel danois a beaucoup changé. Le marché danois est le seul en Europe qui ait deux chaînes nationales publiques, qui plus est représentant 50% de ce marché. La première est TV2, une chaîne publique disponible par abonnement. Elle consacre à la production de fictions dramatiques 7,5 millions d'euros par an. Son identité y est très reconnaissable, bien que la chaîne soit relativement nouvelle sur le marché. Quand TV2 est devenue une chaîne à abonnement, tout son fonctionnement et sa programmation ont dû être repensés, et la chaîne a dû se positionner face à la chaîne publique déjà établie DR. Les premiers temps, TV2 a eu du mal à trouver des partenaires, mais c'est que le marché danois est différent du marché américain. On ne peut pas produire trois séries criminelles et trois séries dramatiques chaque année quand on n'a pas encore réuni assez de scénaristes pour en faire une. Il a d'abord fallu recruter des scénaristes, auxquels on a laissé beaucoup de liberté. Il était de toutes façons nécessaire de se former par la pratique, pour arriver à dépasser une série par an. Pour attirer dans ses rangs des professionnels du cinéma, TV2 a commandé des mini-séries, plus faciles à placer dans les calendriers, et différentes des  classiques polars. La comédie dramatique Rita, sur une enseignante rebelle et mère au foyer, a été lancée en 2012. Elle a été très bien reçue au Festival de la télévision de Monte-Carlo, et sa troisième saison a été coproduite par et diffusée sur Netflix.

BNT, la chaîne nationale publique bulgare, est troisième sur le marché derrière deux chaînes privées, avec 7% seulement de part de marché. Alors que BNT a été la première et longtemps la seule chaîne existant en Bulgarie, tout a changé il y a cinq ans avec l'arrivée des chaînes privées. BNT a vraiment dû modifier sa ligne de programmation. Pour reconquérir son public, elle a décidé d'investir dans une série très grand public. La chaîne a embauché des journalistes d'enquête, un producteur indépendant et plusieurs professionnels établis de l'industrie de l'audiovisuel bulgare en tant que consultants. Le résultat, Undercover (Pod Prikitie), est arrivé à l'antenne il y a quatre ans, et cette série riche en scénes d'action qui plonge dans l'univers occulte de la mafia bulgare n'a pas manqué d'enthousiasmer le public. La grande surprise vint surtout de la diffusion dans le monde de la série, vendue pour pas moins de 142 territoires, et particulièrement demandée en Amérique latine. Hélas, succès international ou pas, les budgets réservés à la production de contenus créatifs restent limités. BNT ne dispose que de 3 millions d'euros pour l'ensemble de ses productions, c'est-à-dire non seulement les séries mais aussi les films et les documentaires. Partant, le budget d'Undercover reste à seulement 150 000 euros par heure, en comptant le placement de produit ! Il faut souligner cependant que BNT gère les plus grands studios d'Europe de l'Est, des studios qui accueillent de nombreuses coproductions internationales et qui donnent ainsi aux professionnels bulgares l'occasion d'accéder aux salaires plus coquets qu'offrent ces films étrangers à gros budgets, de sorte qu'ils peuvent se permettre de travailler aussi pour moins, sur des productions bulgares. BNT diffuse en ce moment une série très populaire, la fiction politique The Fourth Estate, qui sonde la relation explosive du pouvoir avec les médias. La série a même soulevé un grand débat en Bulgarie, notamment quand le gouvernement a supprimé le budget de BNTà cause d'elle. La chaîne envisage à présent de produire une nouvelle fiction dramatique avec l'équipe et les acteurs d'Undercover

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy