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SAN SEBASTIAN 2015 Compétition

Truman : une grande émotion, brillament contenue

par 

- SAN SEBASTIÁN 2015 : L'Espagnol Cesc Gay propose un film non-édulcoré, illuminé par les performances sublimes de Ricardo Darín et Javier Camara

Truman : une grande émotion, brillament contenue
Javier Cámara et Ricardo Darín dans Truman

Cesc Gay lui-même qualifiait récemment son nouveau film, Truman [+lire aussi :
bande-annonce
making of
interview : Cesc Gay
fiche film
]
(en compétition au 63ème Festival de San Sebastián après un crochet par le 40ème Festival de Toronto) de "tentative" – de ne pas paniquer quand un être aimé est frappé par la maladie ou quand on l'est soi-même et que la fin approche... Le moins qu'on puisse dire que que l'essai est réussi : le résultat est un travail jamais édulcoré, mais illuminé par les performances sublimes de justesse de ses acteurs principaux.

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Julian (Ricardo Darín) reçoit la visite inattendue de son ami Tomas (Javier Camara), désormais installé au Canada. Avec Truman, le chien fidèle de Julian, les deux amis vont partager quatre jours intenses en émotions et en (mauvaises) surprises liées au cancer qui s'est emparé de Julian. Cependant, il serait trop facile de décrire Truman comme un simple film sur la mort. C'est plutôt une boîte de Pandore où l'on trouve aussi des sujets comme l'amitié (en particulier masculine), l'amour, l'acceptation de la mort, la paternité, le travail...

La grande force du film est son histoire : dès les cinq premières minutes, le spectateur sait que Julian finira par mourir, mais avant que cela n'arrive, le personnage, très soucieux de "boucler" toute une série d'affaires personnelles, se lance dans une dernière aventure. Le rythme de l'ensemble est fluide et bien équilibré, entre la tension dramatique très bien contrôlée qui se fait sentir et des moments comiques assez géniaux.

Truman est avant tout une histoire d'hommes, un récit qui explore l'amitié virile et la manière dont elle résiste au passage du temps, avec ses non-dits, sa force discrète, ses larmes retenues. Dolores Fonzi, qui assure une présence féminine dans le film, est très convaincante dans le rôle difficile de la cousine effondrée et incapable de comprendre la décision de Julian. Les scènes marquantes et difficiles à oublier sont nombreuses, dans ce petit joyau de film délicat, sincère, authentique et sobre, de la scène de la consultation chez le vétérinaire à la scène du repas qui réunit à Amsterdam Julian avec son fils et sa petite-amie, en passant par la rencontre totalement fortuite avec un ancien ami (merveilleusement incarné par Eduard Fernandez). Cependant, la scène qui se détache le plus de l'ensemble est la scène de sexe, très crue, vivante et authentique entre Tomas et Paula, un moment qui représente pour eux deux, au comble du chagrin, une vraie catharsis, surtout pour Tomas, qui est trop rigide pour arriver à communiquer ses sentiments.

Les prestations des acteurs (Camara en ami un peu perdu et troublé, Darín en malade fatigué de lutter qui a accepté son sort), souvent contenues, sont brillantes de justesse. Truman, dont les ventes internationales sont gérées par Filmax International, séduit parce que Cesc Gay arrive à placer sa caméra dans un endroit secret du coeur de ses personnages et à les dépeindre comme ils sont, ni plus, ni moins. Les quatre jours que passent ensemble Tomas et son ami mourant ne sont pas le meilleur moment de leur vie : ils sont juste un moment de la vie humaine, avec ses hauts et ses bas.

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(Traduit de l'espagnol)

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