email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

STOCKHOLM 2015

Tikkoun : Le nature de la foi et du désir

par 

- Ce récit énigmatique et minimaliste d’Avishai Sivan retrace le parcours d’un étudiant d’une yeshiva de Jérusalem aux prises avec les rites orthodoxes stricts qui régissent sa vie

Tikkoun : Le nature de la foi et du désir

Un jeune étudiant orthodoxe, Haim Aaron (Aharon Traitel), fils aîné d’un boucher casher (Khalifa Natour) et de sa femme (Riki Blich), vit à Jérusalem. Son talent pour les études et sa piété sont enviés de tous les membres de la communauté juive hassidique –une branche du judaïsme qui promeut le mysticisme comme aspect fondamental de la foi. Un soir, dans l’appartement familial, il fait un malaise sous la douche, alors qu’il envisageait de se masturber. Le traumatisme crânien qui résulte de la chute lui fait perdre connaissance. Après 40 minutes de tentatives de réanimation infructueuses, les médecins déclarent son décès. À cet instant, le père du jeune homme intervient, il insiste pour continuer le massage cardiaque et réussit miraculeusement à ramener son fils à la vie. Cependant, cet apparent retour d’entre les morts entraîne un bouleversement physique et spirituel chez le jeune homme : il adopte un comportement plus excentrique, se désintéresse de ses études à la yeshiva (où il aimait tant, avant, emmagasiner du savoir jusqu’à la nausée, tout en s’imposant un jeûne draconien) et s’endort en cours. Pour couronner le tout, il annonce à ses parents sa décision d’arrêter de consommer de la viande, ce qui constitue une offense particulière, compte tenu du métier du père. Dans la foulée, il connaît soudain un éveil charnel et explore ses désirs sexuels. Incapable de se reposer la nuit, il déambule secrètement dans les rues et se fait prendre en stop par des inconnus. Ayant remarqué le changement d’attitude d’Haim, son père est tourmenté par la crainte d’avoir agi à l’encontre de la volonté de Dieu en ressuscitant son fils.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Tikkoun [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, d’Avishai Sivan, a remporté le prix du meilleur long-métrage au Festival de Jérusalem, ainsi que le Prix spécial du jury à Locarno, de sorte que ce récit atypique sur le passage à l’âge adulte dans une communauté juive ultra-orthodoxe n’a pas manqué de susciter un vif intérêt de la part d’autres festivals, comme par exemple le Festival international de Stockholm, où il a été projeté en compétition.

Doté d’une esthétique en noir et blanc fortement contrastée, à la fois sublime et pleine de sensibilité, ce récit allégorique minimaliste illustre les caprices de l’Ancien Testament et explore l’intimité des hommes et de leurs âmes à travers une crise de la foi. Le récit, empreint de mystère, élève notre regard en direction de la quête d’une spiritualité où se chevauchent la religion, le moi et le désir sexuel. La construction formelle du film, et la sérénité de ses plans fixes, avec peu ou pas de dialogues, magnifient les zones grises (morales et logistiques), celle où se trouve ce père formidable qui risque d’avoir détruit l’ordre naturel de son monde à cause d’un acte d’amour spontané pour son fils. Cette représentation puissante d’un parcours de la dévotion au doute donne lieu à une succession paroxystique d’événements surréalistes, entourés d’un épais brouillard nocturne qui cache la volonté de Dieu. Examen cinématographique et philosophique d’un cauchemar qui plonge dans la nature même de la foi pour explorer le cœur même de l’existence.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Séverine Meuleman)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy