Madame Courage : un conte réaliste sur une génération paumée
par Samuel Antichi
- Le réalisateur d'origine algérienne Merzak Allouache suit la tentative d'évasion d'un délinquant au quotidien trop sombre
Omar (Adlane Djemil), un adolescent instable et solitaire doublé d'un agile pick-pocket, vit dans un bidonville de la périphérie de la ville algérienne de Mostaganem avec sa mère, qui morigène chaque jour que dieu fait, et sa soeur Sabrina, qui n'arrive pas à sortir de la prostitution. Tous les jours, Omar erre de larcin en larcin, galvanisé par cette drogue qui touche la jeunesse algérienne et qu'on appelle "Madame Courage", parce qu'elle donne un sentiment d'euphorie et du courage. Un jour, après avoir volé la main de fatma en or que Selma (Lamia Bezoiui) porte au cou en souvenir de sa mère, Omar s'éprend de la jeune fille. Il se met à la suivre de loin, dans les rues animées de Mostaganem, et passe ses nuits sous son balcon, ce qui n'est pas du goût du grand frère de Selma.
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bande-annonce
fiche film], le nouveau film du réalisateur septuagénaire d'origine algérienne Merzak Allouache, lancé à Venise dans la section Orizzonti puis présenté notamment au Festival BFI de Londres, est à présent en lice pour le Prix FIPRESCI de la section Open Zone du Festival de Stockholm.
Dans un style épuré qui rend pleinement le récit au réel, Allouache parvient à secouer le spectateur en profondeur en partant de l'histoire de ce garçon aux intentions floues vis-à-vis de cette fille pour évoluer vers une allégorie de la relation torturée qu'ont les Algériens avec les femmes. La caméra nous laisse observer la réalité de la culture des rues, dans ces quartiers délabrés qui ne promettent rien à leurs habitants, au-delà de la bulle artificielle créée chimiquement par la drogue. Les images choquantes et sans compromis de Madame Courage rendent compte d'un monde dans l'impasse, miné par une violence omniprésente, de la police aux souteneurs sans pitié et aux gangsters. À travers ce tableau du quotidien, Allouache évoque une urgence, un vide dans lequel toute une génération est en train de se perdre.
(Traduit de l'anglais)
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