email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS France

Pauline s’arrache, quand l’intimité familiale devient un documentaire

par 

- Le premier long-métrage d'Émilie Brisavoine nous propulse dans l’intimité d’une famille hors norme

Pauline s’arrache, quand l’intimité familiale devient un documentaire

Emilie Brisavoine, découverte comme actrice dans des films indépendants tels que La Bataille de Solférino [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
de Justine Triet et le court métrage Peine perdue d’Arthur Harari, a présenté son documentaire Pauline s’arrache en compétition au Festival international Tous Écrans de Genève. L'avant-première mondiale du documentaire a eu lieu dans le cadre de l’ACID de Cannes.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Pauline s’arrache est un documentaire viscéral, qui met à nu la vie mouvementée de Pauline, une adolescente de quinze ans au caractère de feu qui est aussi la demi-soeur de la réalisatrice, qui l’a suivie avec sa petite caméra pendant quatre ans. Pauline est la plus jeune d’une famille recomposée. Fruit d’un amour qui ne reflète pas une "norme" rassurante, entre une mère ex reine de la nuit et un père excentrique, gay et amateur de déguisements à paillettes. Tous les membres du clan ont abandonné le navire, sauf Pauline qui s’accroche encore au cordon familial, tout aussi confortant que terrifiant. La cohabitation entre les parents et leur fille est explosive et conflictuelle, malgré un rapport parfois fusionnel. La volonté de changer de vie et d’affronter à bras le corps un futur pour le moins incertain ne manque certainement pas à Pauline, mais avant de voler de ses propres ailes, elle doit affronter les douloureux fantômes du passé.

Pauline est dans une phase délicate de la vie, celle qui de l’enfance, mène à la vie adulte. C'est un moment de transition, un temps suspendu, où la révolte laisse place à l’introspection, où la pureté et la vigueur de l'enfance, quand tout semble possible, se dissipent lentement, dévoilant une strate plus profonde, un nouveau "moi" imparfait qui cherche une place dans la société et dans le tissu familial complexe qui l’entoure.

Émilie Brisavoine dit avoir éprouvé un besoin viscéral de filmer sa soeur, pour prendre une distance analytique et émotionnelle à travers l’image. La caméra de la réalisatrice devient ainsi le journal intime de Pauline, mais aussi un guide et un soutien dans son chaos intérieur, et un moyen de (re)trouver sa place dans une structure familiale qui risque de se casser. Placée sur le devant de la scène, Pauline est comme une Cendrillon punk qui attendrait son prince.

Pauline s’arrache évoque des conflits familiaux universels, un ensemble effrayant et touchant de blessures "primales", de peurs et de sensibilité à fleur de peau. Pauline veut affronter son passé pour pouvoir avancer avec sérénité, couper enfin le cordon qui la rattache (de façon presque masochiste) à sa famille.

Ce qui rend Pauline s’arrache esthétiquement puissant, c’est ce rapport entre les images d’archives dévoilant des moments du passé de cette famille, où la sérénité semble régner, et les scènes de vie quotidienne où les cris et les conflits prennent la place de l’insouciance. C'est une montagne russe d’émotions fortes et profondes et de tons clairs-obscurs où rien n’est ce qu'il paraît. Émilie Brisavoine réussit, grâce à sa présence-absence (derrière la caméra) à capter des moments furtifs, des instants précieux où les masques tombent, dévoilant un univers intérieur inattendu.

Ce premier long-métrage, à mi-chemin entre réalité et psychanalyse, Confessions intimes et À nos amours, bouleverse par l’intensité de son propos. C'est un spécimen d'un cinéma volontairement en marge, d’une beauté brute incroyablement rafraîchissante.

Pauline s’arrache a été produit par Bathysphère Productions. Il est distribué par Jour2fête.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy