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SOLEURE 2016

Wie die anderen : la folie au-delà des clichés

par 

- Le nouveau documentaire de Constantin Wulff (l'auteur de l'intrigant Ulrich Seidl und die Bösen Buben) est en lice à Soleure

Wie die anderen : la folie au-delà des clichés
Une scène de Wie die anderen

Après son avant-première internationale au Festival DOK Leipzig en octobre, Wie die anderen [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
arrive aux Journées de Soleure, où il concourt pour le Prix de Soleure. Après les mauvais garçons d'Ulrich Seidl (Ulrich Seidl und die Bösen Buben), Constantin Wulff, allemand de naissance, élevé en Suisse, autrichien d'adoption, a décidé de s'immerger dans le quotidien compliqué d'un établissement psychiatrique pour enfants et adolescents des abords de Vienne. 

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Sans la médiation d'une voix off, Wie die anderen, enregistré presque entièrement en prise directe, nous transporte dans un univers à la fois mystérieux et épouvantable : celui de la psychiatrie infantile. Comem l'explique Wulff, ce sont ses propres fantômes qui l'ont amené dans ce lieu, pour libérer ceux qu'on appelle "fous" de la stigmatisation qui leur colle à la peau. Ce qui surprend, c'est la puissance et la profondeur des images, fruit de longues heures d'observation : elles dégagent tellement de choses que le réalisateur n'a pas eu besoin de les surcharger de paroles. Plutôt que la description, Wulff a privilégié l'observation, pour laisser s'exprimer librement cette réalité qui défile sous ses yeux et dont émane de plus en plus un malaise particulier qui ne cesse d'augmenter, silencieusement et insidieusement, mais quelle aide apporter à cet établissement et aux jeunes patients qui se succèdent à une cadence inquiétante ?

Wie die anderen remplace les cris glaçants et les regards sournois que le cinéma attribue souvent au malade psychiatrique par d'autres impressions, non moins dérangeantes mais plus réelles. Wulff scrute obstinément ce petit monde qu'est la clinique, attentif aux petits grands soucis de tous ceux qui l'habitent, aux tours de garde du personnel qui scandent la journée (exerçant une pression qui est aussi une routine rassurante), les peurs abyssales qui hantent les patients... Ici, à chaque instant, il faut parvenir à maintenir l'équilibre. En le regardant agir, Wie die anderen rend en quelque sorte son vrai rythme à la maladie, un rythme terriblement lent. On entend bien des cris, mais ce qui domine est surtout le silence – le silence terrifiant des longues nuits et celui, obstiné, des jeunes patients.

La discrétion maîtrisée du réalisateur donne au documentaire une authenticité et une vérité profondément touchantes. La "folie" qu'on y voit semble si proche qu'on regrette presque les maléfiques mais distants Danny de The Shining, Damien de The Omen... Car qu'est-ce qui distingue les jeunes patients qu'on voit ici de nos enfants, et de ces "autres" auxquels ils veulent désespérément ressembler ? Pas grand chose, sauf peut-être une tristesse indescriptible qui les rend déjà adultes, des adultes meurtris et courageux qui ont autant que nous le droit à un jugement équitable. 

Wie die anderen a été produit par la société viennoise Navigator Film.

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(Traduit de l'italien)

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