email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS Espagne

Incierta gloria : passions sur le sentier de la guerre

par 

- Agustí Villaronga fait se déployer dans un contexte belliqueux une histoire de trahison et de violence où deux femmes et deux hommes deviennent les victimes collatérales d’une époque tourmentée

Incierta gloria : passions sur le sentier de la guerre
Núria Prims et Marcel Borràs dans Incierta gloria

Agustí Villaronga, l'un des réalisateurs espagnols présentant actuellement le plus fort potentiel, offre au public Incierta gloria [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Agustí Villaronga
fiche film
]
, adapté (par ses soins avec Coral Cruz) de ce qui est désormais un classique de la littérature catalane, le roman Gloire incertaine de Joan Sales, paru en 1954 après que l’auteur ait subi dans sa chair les assauts de la barbarie. Son film précédent, El rey de la Habana [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
, le cinéaste majorquin l’avait tourné dans les Caraïbes puis présenté à San Sebastian, il y a deux ans. Avant cela, en 2010, Pain noir [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, non sans rafler neuf Goya au passage, avait propulsé Villaronga en première division, un niveau qu’il n’a pas quitté depuis.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Comme ce dernier film, Incierta gloria s’ancre dans le contexte sale, sombre, malsain et chaotique de la guerre civile espagnole, un contexte où encore une fois, des personnages tourmentés doivent survivre. On reconnaît aussi le travail de l’équipe de Pain noir, et la production a de nouveau été assurée par Isona Passola de Massa D´Or Produccions, aussi productrice du Passager clandestin (1995), d’El mar (1999) et du documentaire El testamento de Rosa (2015), toujours de Villaronga. Ici encore, les décors, les costumes et les lieux choisis restituent fidèlement cette époque de douleur, de sang et de rage, bien que la caméra de Josep M. Civit (le directeur de la photographie d’El rey de la Habana) ne nous amène jamais en première ligne, mais dans des villages des alentours, non loin de la bataille, pour nous donner à voir comme le climat de cruauté et de trahison infecte les gens.

Les personnages sont de fait l’axe autour duquel s’articule l’action du film. Il y a d’abord Lluís (Marcel Borràs), un jeune militaire républicain envoyé dans un poste inactif du Front de l’Aragon. Là, il fait la connaissance d’une femme d’âge plus mûr, Carlana (Núria Prims, découverte dans Historias del Kronen en 1995 et qui s'est longtemps tenue à l’écart du grand écran), pour laquelle il se prend de fascination et qui ne va pas hésiter à se servir du jeune homme pour devenir la femme la plus riche du canton.

Lluís est pourtant marié. Sa femme Trini (Bruna Cusí, bientôt sur les écrans dans Verano 1993 [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Carla Simón
fiche film
]
), restée à Barcelone, s’occupe de leur fils. Quand Soleràs (Oriol Pla, le fils de Ricardo Darín dans Truman [+lire aussi :
critique
bande-annonce
making of
interview : Cesc Gay
fiche film
]
), le meilleur ami de Lluís, découvre ce qu’il trame et donc qu’il a trahi Trini, il le force par chantage à accepter d'emmèner hors de la capitale catalane, pour fuir les bombardements qui y sont devenus constants, son enfant et son épouse, dont  Soleràs est secrètement amoureux. Une fois à la campagne, Trini commence à soupçonner que son mari lui ment. Une autre guerre, intime et morale, éclate alors entre les quatre personnages centraux.

C'est sur les aspects les plus mélodramatiques, impétueux et troubles du roman de Sales que Villaronga met le plus l’accent dans cette adaptation, où l’on voit poindre plusieurs de ses thèmes de prédilection : la violence, la perte de l’innocence, la corruption, le mal, le pouvoir et sa mécanique. Ce qui rapproche le plus les personnages, pauvres êtres humains éreintés par cette vie de chien et ce moment terrible de l’Histoire qu’ils vivent, c’est leur ambiguïté – avec une mention spéciale pour la femme fatale, Carlana, que Núria Prims parvient à enrober de mystère tout en lui donnant du corps et beaucoup de caractère. Le passé indélébile qui reste là comme une dalle de pierre, la perte des illusions et idéaux : voilà ce qui tourmente incessament les personnages, tous meurtris à jamais, comme c’est souvent le cas dans la filmographie de ce réalisateur qui a commencé sa carrière avec, rappelons-le, des films aussi risqués, uniques et perturbateurs que Prison de cristal et El niño de la luna.

Incierta gloria a été produit par Massa d'Or Produccions et Televisió de Catalunya avec la participation de TVEMovistar Plus+ et Aragón TV, le soutien de l’ICEC et l’ICAA, et la société Urresti Producciones comme productrice associée. Il est distribué en Espagne par Alfa Pictures. Ses ventes internationales sont assurées par Film Factory Entertainment.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'espagnol)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy