03/05/2017 - Chad Chenouga signe un film juste et émouvant sur le parcours initiatique d'un jeune placé en foyer et interprété par la révélation Khaled Alouach

C'est un fardeau énorme qui s'abat soudainement sur les épaules de Nassim, 16 ans, lycéen dans les beaux quartiers de Paris, quand il découvre sa mère morte dans leur petit appartement au retour d'un week-end à la campagne avec ses amis. Ce drame qui n'est pourtant pas totalement une surprise tant la femme était droguée, au point de ne plus distinguer les jours, vient rompre une relation fusionnelle dans une famille monoparentale où le fils unique tenait sa mère à bout de bras tout en tentant de vivre sa vie d'adolescent, au point de préférer ne pas répondre au dernier appel téléphonique maternel.

Nassim (la révélation Khaled Alouach) reste donc seul, avec sa culpabilité et les ultimes paroles de sa mère enregistrées sur sa messagerie. Tel est quasiment le point de départ du nouveau film de Chad Chenouga, De toutes mes forces [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film], lancé aujourd'hui par Ad Vitam dans les salles françaises, retour réussi au grand écran d'un cinéaste découvert à Locarno en 2001 avec 17 rue Bleue et ayant adapté cette fois (avec Christine Paillard) sa propre pièce de théâtre, elle-même inspirée par sa trajectoire personnelle. Une veine autobiographique qui offre au film une justesse émouvante sans néanmoins jamais tomber dans le mélodrame, avec le portrait d'un jeune en quête d'identité sociale. Car Nassim, rejeté par la famille de sa mère, est placé dans un foyer de la DASS en banlieue parisienne, un univers dont il découvre les tensions et les intimidations, auquel il refuse d'abord d'appartenir ("je n'ai rien à voir avec les autres"), tout en mentant au lycée sur son sort, prétendant être hébergé par un oncle.

Commence alors une double vie compliquée nourrie par la peur d'être démasqué et se dessine un avenir obscurci par la menace de changer d'établissement scolaire en fin d'année. Une existence entre deux mondes hantée par le souvenir de sa mère qui verra Nassim s'ouvrir peu à peu aux autres jeunes du foyer (interprétés notamment par Laurent Xu, Daouda Keita, Aboudou Sacko et Jisca Kalvanda), à leur énergie et à leurs blessures cachées (recensées dans d'inaccessibles dossiers : "c'est comme un tatouage, ça te suit partout"). Un parcours initiatique pour surmonter la solitude et l'amertume face à un destin cruel, qui est appuyé par la bienveillante directrice du foyer (Yolande Moreau) et traversé par la découverte de l'amour sous différentes facettes.

Film sensible et authentique, De toutes mes forces parvient à s'emparer de la réalité sans la caricaturer, ni feindre le documentaire. Un subtil cachet romanesque qui n'en donne que plus de relief aux problématiques sociales qu'il véhicule et de mérite au réalisateur et à ses très bons interprètes.

Produit par Miléna Poylo et Gilles Sacuto pour TS Productions, De toutes mes forces est vendu à l'international par Films Distribution.