17/08/2017 - Le documentaire de Zlatko Pranjić et Aleksandar Nikolićs est une œuvre réussie grâce au caractère unique et à l’honnêteté du protagoniste

La vie peut être parfois plus étrange que la fiction et c’est la raison pour laquelle les documentaires, s’ils sont réalisés correctement, peuvent être aussi intéressants que des films de fiction. Cela dépend parfois du thème ou du protagoniste. Une narration élaborée et un style visuel net ne fait pas de mal non plus. Guidance Through the Black Hole [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Zlatko Pranjić
fiche film], d’Aleksandar Nikolić et Zlatko Pranjić, présenté en avant-première mondiale à la Compétition Documentaire du Festival du Film de Sarajevo comporte tous ces éléments : le protagoniste, des rebondissements, beaucoup de style et de la personnalité. D’autres présentations à des festivals sont attendues, notamment en ex-Yougoslavie.

La problématique du ‘’blues de l’immigré’’ semble avoir été amplement utilisée au cinéma, mais ce sentiment est complètement nouveau pour cet homme surnommé Sule, un immigré bosnien, l’un des derniers véritables bohémiens de Portobello Road à Londres. C’est une personne intéressante : poète, peintre, procrastinateur professionnel, joueur compulsif et alcoolique ; il est son propre pire ennemi. Il ne s’est jamais véritablement adapté à la vie à Londres et est l’unique responsable de l’échec de son mariage. Sans-abri depuis plusieurs années, il n’a qu’un rêve : revoir sa ville natale de Banja Luka. Il aura une chance de se racheter en exposant son travail à l’Ambassade de Bosnie-et-Herzégovine de Londres. Sa seule tâche est de terminer les quatre tableaux pour compléter l’exposition.

Sule parle de ses réussites, de ses erreurs et de son comportement avec sincérité et pragmatisme : amitié, fraternité, religion, art et développement personnel. Il est ce qu’il est, mais veut sincèrement améliorer les choses, et il est sur le point d’y arriver. Mais peut-il réellement changer ? Sule est un personnage très individualiste, mais son histoire est à la fois unique et universelle. Guidance Through the Black Hole n’est pas qu’un film sur l’immigration, l’intégration (ou le manque d’intégration) et la nostalgie. Ce n’est pas non plus une exploration de processus créatifs et artistiques. En effet, le film parle de la vie dans son ensemble.

Le réalisateur débutant Zlatko Pranjić et le plus chevronné Aleksandar Nikolić – connu pour son travail en tant que directeur de la photographie, monteur, scénariste et réalisateur d’un autre documentaire très connu The Serbian Lawyer – se sont sentis à l’aise avec leur protagoniste et savaient comment utiliser le matériel fourni. Le film, presque entièrement en noir et blanc, souligne l’humeur changeante du personnage principal et y apporte du contraste. Une scène en couleurs vives proche de la fin montre la joie qu’apporte un succès qui se profile à l’horizon. La conception du son, qui consiste principalement en des bruits de fond entrecoupés de rythmes stridents accentuant les scènes intenses, est aussi très intéressante, tout comme la bande-son, allant du groupe de rock alternatif serbe Goribor à la musique bosnienne folk et mélancolique (“sevdah”).

Guidance Through the Black Hole est une coproduction entre le Royaume-Uni, la Serbie, la Bosnie et la Croatie, produite par Braidmade Films et The Theatre With Accent.

(Traduit de l'anglais)