email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

TURIN 2018

Critique : Ride

par 

- Le premier film de Valerio Mastandrea en tant que réalisateur est un titre très émouvant sur la douleur du deuil

Critique : Ride
Arturo Marchetti dans Ride

L’impossibilité de faire son travail de deuil et de vivre sa douleur loin des conventions sociales sont au coeur du premier film en tant que réalisateur de Valerio Mastandrea, Ride [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Valerio Mastandrea
fiche film
]
, présenté aujourd'hui en compétition au Festival de Turin. L'acteur, qui a traversé en 25 ans tout le cinéma d'auteur italien, et qui en a valorisé l'authenticité et l'empathie (la liste des réalisateurs avec lesquels il a travaillé est longue, et comprend Marco Bellocchio, Nanni Moretti, Carlo Mazzacurati, Silvio Soldini, Marco Tullio Giordana, Paolo Virzì, Ferzan Ozpetek, Francesca Archibugi, Daniele Vicari, ainsi que Daniele Gaglianone), s'exprime pour la première fois depuis l'autre côté de la caméra, comme l'a fait récemment sa collègue Valeria Golino, qui l'a choisi pour le premier rôle de son deuxième film, Euforia [+lire aussi :
critique
bande-annonce
making of
fiche film
]
(présenté au dernier Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard), et il le fait avec l'urgence qu'on lui connaît déjà en tant qu'interprète, livrant un petit film avec un grand impact émotionnel. 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Ride commence un dimanche matin, par une conversation entre Carolina et son fils de 12 ans, Bruno, sur la manière dont on doit s'habiller à un enterrement. Ils sont tous les deux assis dans la cuisine d'un petit appartement à Nettuno, une petite ville du littoral romain. "Ce jogging pourrait aller : il est noir avec un peu de jaune", dit le petit garçon. Dès ce premier dialogue, on retrouve l'ironie désenchantée de Mastandrea acteur et scénariste, qui a grandi dans le quartier populaire de la Garbatella, à Rome, et dont l'adolescence difficile a déterminé sa manière de jouer. C'est de l'enterrement de son père dont parle le petit garçon : à seulement 35 ans, cet ouvrier en usine est mort dans un accident de travail pendant un créneau nocturne. Mastandrea et son co-scénariste Enrico Audenino font se déployer le récit sur quelques heures seulement, mais sur trois niveaux correspondant à trois générations : celle de la femme (Chiara Martegiani), de l'enfant (Arturo Marchetti) et du vieux père de l'ouvrier décédé (Renato Carpentieri).

Carolina, qui a la beauté d'une biche blessée, gauche, un peu drôle (elle est l'alter ego de Mastandrea acteur), ne verse aucune larme. Cette mort l'a tellement prise par surprise qu'elle est suspendue dans ses réactions ("On ne meurt pas ainsi, sans te laisser le temps de comprendre !"). En attendant l'enterrement, le lendemain du décès, elle essaie de sentir sa douleur en imitant le bouleversement d'une ancienne amoureuse de son mari qui est venue la voir.

Bruno, de son côté, s'entraîne avec un copain, sur la terrasse, à répondre aux questions des journalistes qui ne manqueront pas de venir l'interviewer à l'enterrement, et il le fait dans l'espoir que la fillette dont il est amoureux sortira avec lui après l'avoir vu à la télévision. Quand il comprend qu'il n'a aucune chance avec elle, on le voit parcourir la ville en bicyclette pour poser des affiches annonçant les funérailles de ce papa disparu pour rien. 

Le vieux père du défunt, qui fut lui-même ouvrier dans la même usine et que ce travail a endurci, vit sur la plage et passe son temps à pêcher. Il se retrouve soudain entouré par l'affection de tous ses anciens collègues, mais il n'a pas eu le courage d'aller voir la dépouille de son fils. C'est son autre fils, Nicola (incarné par un Stefano Dionisi débordant de douleur et de rage vis-à-vis de ce père qui a envoyé son frère travailler à l'usine), qui va lui rappeler qu'il est le responsable de ce terrible destin. Lui-même s'est soustrait à l'influence du père et s'est engagé dans la voie du crime, mais c'est lui maintenant qui veut rétablir la justice. De manière un peu rhétorique, le réalisateur témoigne d'une vraie nostalgie par rapport aux grandes luttes ouvrières contre les patrons de jadis, mais c'est l'expérience du deuil qui l'intéresse avant tout, le "droit d'aller mal" revendiqué par le personnage de Carolina. Et le film, très sobre, s'abandonne parfois à des moments de grande émotion, mais tout en retenue. C'est un excellent premier long-métrage.

Ride, produit par Kimerafilm avec Rai Cinema, arrivera sur les écrans italiens le 29 novembre, avec 01 Distribution.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy