email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS Italie

Critique : Il testimone invisibile

par 

- Ce film noir de Stefano Mordini, avec Riccardo Scamarcio et Miriam Leone, est une suite de dialogues et de flashbacks qui ne créent par le suspense nécessaire au genre

Critique : Il testimone invisibile
Riccardo Scamarcio et Miriam Leone dans Il testimone invisibile

Dans ses célèbres conversations avec François Truffaut, Alfred Hitchcock parlait de la différence entre surprise et suspense, et il affirmait que pour offrir 15 minutes de vrai suspense au public, il est indispensable qu'il soit parfaitement informé de tous les éléments en jeu. Pour le film noir Il testimone invisibile [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, le réalisateur Stefano Mordini et son co-scénariste Massimiliano Catoni ont manifestement pris le conseil du maestro au pied de la lettre. Ce long-métrage, produit par Warner Bros. Entertainment Italia et Picomedia, dans les salles italiennes à partir du 13 décembre avec Warner, est une succession d'informations, de traces, d'indices, de présupposés et de suppositions incessantes à destination du spectateur, auquel le film demande une concentration constante. Le vrai défi ici n'est pas de découvrir le whodunit ou le howdunit, mais de ne pas s'endormir trop tôt.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Riccardo Scamarcio, interprète passionné d'un autre film de Mordini, Périclès le noir [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Stefano Mordini
fiche film
]
(2016), est ici Adriano Doria, un entrepreneur de 40 dont la carrière est une réussite qui se réveille dans une chambre d'hôtel, en montagne, à côté d'un cadavre, comme cela arrive souvent dans les thrillers. Le corps sans vie à côté de lui est celui de sa jeune maîtresse Laura (Miriam LeoneBienvenue en sicile [+lire aussi :
critique
bande-annonce
making of
fiche film
]
), qui semble avoir été frappée à la tête par un objet métallique. La pièce est fermée de l'intérieur (ce qui rappelle "Double assassinat dans la rue Morgue", la nouvelle d'Edgar Allan Poe parue en 1841) et quand la police arrive, Adriano est à l'évidence accusé du meurtre, bien qu'il se déclare innocent. Placé en liberté surveillée à domicile, dans son élégant appartement, Adriano doit en quelques heures échafauder une stratégie de défense en vue de l'interrogatoire, avec une spécialiste (et théoricienne de la pensée latérale) que lui a envoyé son avocat : la pénaliste Virginia Ferrara (Maria Paiato). 

Le film progresse dans une alternance de flashbacks et de dialogues entre Adriano et Ferrara qui, pour arriver à la vérité, met de plus en plus le jeune entrepreneur au pied du mur. Les références cinématographiques les plus directes sont Le Procès Paradine d'Hitchcock, Autopsie d'un meurtre d'Otto Preminger, Douze hommes en colère de Sidney Lumet, Usual Suspects de Bryan Singer et Une pure formalité de Giuseppe Tornatore, mais de ces chefs-d'oeuvre, Il testimone invisibile n'a même pas retenu la leçon numéro un, qui est que créer le suspense, c'est insérer le public dans l'action en le prenant à parti. Et si "il y a quelque chose de plus important que la logique : l'imagination", comme disait Hitchcock, encore lui, il est vrai aussi qu'il n'est pas de bon aloi de trahir le spectateur en lui présentant des éléments non plausibles et une non-logique forcée dans d'un jeu formel (comme le coup du vol de données bancaires de la part de Laura ou la coïncidence du briquet en or, pour ne citer que deux exemples).

La scénario de Testimone invisibile est tellement alambiqué et factice qu'il entame également la performance des acteurs. Il n'y a pas ici de réflexion cachée sur le mal, les dynamiques des rapports humains ou le pouvoir de l'argent, et le film renonce même à certains de ces régionalismes qui tendent à enrichir les romans policiens italiens les plus populaires ces dernières années, laissant la responsabilité de la géolocalisation aux merveilleux sites du Trentin où le film a été tourné. Ce travail ne tente pas non plus de faire allusion au grand genre du moment : le thriller scandinave. Tiré du roman de la Norvégienne Karin Fossum, La Fille du lac [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
d'Andrea Molaioli (encensé à juste titre par le public comme la critique), lui, déplaçait l'action des fjords aux Alpes mais se servait des formules narratives du genre pour raconter la province italienne d'aujourd'hui, avec une attention constante au travail des acteurs.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy