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SOLETTA 2019

Critique : Barbara adesso

par 

- La réalisatrice suisse Alessandra Gavin-Müller présente le portrait inattendu d'une femme libre qui va à contre-courant

Critique : Barbara adesso
Cristina Zamboni dans Barbara adesso

Après Where is Sara Gomez? (2005), hommage filmique à une grande cinéaste qui a su vivre sa vie sans faire de compromis, la réalisatrice suisse Alessandra Gavin-Müller présente un nouveau portrait de femme puissant : Barbara adesso [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, présenté aux Journées de Soleure dans la section Panorama Suisse, met en effet en scène la vie d'une femme qui a décidé de prendre son existence en main, avec courage et détermination.

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Arrivée à la quarantaine, Barbara décide d'abandonner son mari et sa fille sans laisser de traces. Sa décision, apparemment radicale, est le fruit d'une réflexion lucide : Giuliano, son mari, semble plus apte qu'elle à élever leur fille. 

Barbara décide de s'exclure volontairement d'une famille qu'elle n'a jamais vraiment ressentie comme sienne. Ainsi, ce nouveau film d'Alessandra Gavin-Müller aborde un sujet trop souvent tabou : celui de la maternité non-voulue, du refus de se cantonner à un rôle, celui de mère, qui est comparable aux yeux de son héroïne à une prison.

Que signifie, au fond, être maman ? Cette notion qui fait partie des piliers de notre société est fondée sur ce qu'on appelle communément "instinct maternel", or on peut se poser la question suivante : et si ce concept n'était qu'une illusion, une construction sociale rassurante qui n'a en fait aucune vraie raison d'être ? Dans l'imaginaire collectif, la femme semble être génétiquement programmée pour être mère, mais la réalité est souvent différente, plus complexe et subtile. Barbara adesso nous permet d'envisager la maternité différemment, non comme une étape simple et naturelle de la vie, mais comme un moment déstabilisant qui peut s'avérer insoutenable. 

La réalisatrice ne cherche pas à expliquer ou, pire, à justifier le choix de Barbara. Elle choisit de montrer ce personnage pour ce qu'il est, sans ton moralisateur et sans sentimentalisme mièvre. Barbara est forte, complexe et mystérieuse. C'est un personnage à des années lumières des stéréotypes qui dépeignent trop souvent les femmes comme de délicates poupées de porcelaine. Peu importe, au fond, d'où vient son rejet ; ce qui compte, c'est la détermination avec laquelle elle accepte et assume son choix.

Le visage de Barbara (interprétée par une intense Cristina Zamboni) est impassible, comme si rien ne pouvait en érafler la surface. Ses émotions semblent gelées à l'intérieur de son être, jalousement gardées et protégées du regard et du jugement du monde. Le seul moment où elles explosent, c'est quand elle fait face à sa mère, qui elle aussi l'a abandonnée. Barbara adesso propose le portrait complexe d'une femme qui a refusé de se plier à un destin imposé en décidant de s'inventer le sien propre. 

Barbara adesso a été produit par la société tessinoise Amka Films et par la Radiotélévision suisse RSI.

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(Traduit de l'italien)

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