04/09/2003 - Retour du réalisateur bosniaque Srdjan Karanovic avec Loving Glances, une comédie joyeuse et romantique

Une réalisation très sophistiquée signe le retour de Srdjan Karanovic après onze années de silence. Un come-back effectué avec Loving Glances, présenté en compétition à la Mostra.
Pour réussir à monter une production avec un scénario écrit pendant sa longue période d’exil volontaire aux Etats-Unis, le cinéaste bosniaque a dû patienter pendant sept ans. Ce récit dynamique et romantique qui se déroule à Belgrade pendant la guerre a en effet contraint le réalisateur à reconstruire plusieurs fois le fragile édifice de ses partenariats financiers européens, successivement remis en question par le conflit opposant le pouvoir de Milosevic à l’Otan, puis par les désordres politiques macédoniens (un des pays initialement impliqué dans la production).”Dans notre pays, il est même difficile de marcher et de penser” a déclaré Karanovic durant la conférence de presse.“Je voulais réaliser un film. Mais je tenais à raconter une histoire qui sorte des clichés des films produits dans cette partie de l’Europe. Je souhaitais parler d’espoir avec de la légèreté”.

Et, de fait, son film est léger et divertissant: une histoire d’amour entre un étudiant qui débarque dans la capitale avec un groupe de réfugiés et une jeune femme d’une autre ethnie. Cette rencontre à laquelle participent les esprits de leur passé, en qualité de conseillers ou de redresseurs de torts, réchauffe les cœurs et alimente l’espoir d’un avenir meilleur. “La vie de chacun d’entre nous est peuplée par les fantômes des êtres qui font ou ont fait partie de notre quotidien. C’est à eux que nous parlons, à eux que nous nous adressons pour demander aide et soutien”. Les personnages du film cherchent ainsi à renouer le fil de leur propre vie, tentant de revenir à la normalité malgré un contexte encore marqué par les horreurs de la guerre et de la politique. “J’ai voulu montrer que même dans les pires situations et dans le non-sens de la réalité qui nous entoure, nous pouvons retrouver l’espérance” a ajouté le réalisateur. “C’est l’espoir et l’amour. Car, y compris dans les périodes les plus cruelles et tragiques de l’histoire, nous sommes tombés amoureux et nous avons mis au monde des enfants”.
Comédie joyeuse qui frise par instants le grotesque, Loving Glances ne cache pas une pointe de tristesse et de mélancolie, ce qui lui donne de manière inattendue un cachet original et plus véridique.“Notre essence intime est dominée par une mélancolie profonde envers le passé qui a été et le présent dans lequel nous vivons. Mais cela n’empêche pas de rire et de plaisanter, de tirer du plaisir des affinités qui nous lient aux êtres et aux sentiments qui nous entourent ”.

(Traduit de l'italien)