Lion d'Or pour Le Retour
- Jackpot à Venise pour le premier film du russe Zvyagintsev. Sean Penn pour 21 Grams et Katja Riemann pour Rosenstrasse consacrés meilleurs interprètes. Et le Prix du jury au film libanais Le cerf-volant
Victoire d'un film russe fascinant comme une longue poésie; polémique avec le départ de Roberto Bellocchio, abandonnant le Lido après avoir appris qu'il n'obtenait que le prix du scénario; une Europe qui s'affirme surtout grâce à l'Allemagne. Tel est le bilan d'une Mostra qui a confirmé Moritz de Hadeln comme un excellent directeur mais qui s'est révélée une nouvelle fois un désastre sur le plan de l'organisation.
Le Lion d'Or a donc été décerné au film du réalisateur russe Andrey Zvyagintsev, Le Retour.
Une "première œuvre splendide" selon les propres termes du grand critique italien Tullio Kezich, qui touche le cœur en empruntant des chemins mystérieux. Ce long-métrage qui a également conquis le prix De Laurentis attribué au meilleur premier film, a été acheté il y a quelques jours par la société Lucky Red d'Andrea Occhipinti, qui le lancera dans les salles italiennes en novembre.
Vodka Lemon, le film de kurde Hiner Saleem consacré à l'Arménie post-soviétique, a dominé la section Controcorrente et a été salué par de Hadeln comme une œuvre qui aurait eu largement sa place en compétition officielle. Produit par Cinefacto de Fabrice Guez, en collaboration avec l'Italie (Sintra Film), la Suisse (Amka Films) et l'Arménie (Paradise), avec le soutien d'Arte France Cinéma, Vodka Lemon retrace une délicate histoire d'amour entre un veuf et une veuve dans un tout petit village enneigé. Le réalisateur a profité de la cérémonie de remise des prix pour lancer un message de paix: "Le Kurdistan et l'Irak en sont à l'année zéro sur la route de la démocratie et du respect mutuel".
Décollage dans un ciel bleu parfait et Grand Prix du Jury pour Le cerf-volant de la cinéaste libanaise Randa Chahal Sabbag qui a tissé un récit au milieu des barbelés: la séparation des villages du Golan en Syrie, après la guerre contre Israël en juin 1967. "Je remercie la production (le français Humbert Balsan) et l'équipe libanaise et française" a déclaré la réalisatrice. "Moi qui ai mérité à Venise cette place de choix , j'espère que ma région pourra bénéficier de dispositions politiques et géographiques aussi importantes".
Et voilà l'Allemagne qui gagne le prix Spécial du Jury de la section Controcorrente avec Schultze Gets the Blues de Michael Schorr, un film inconnu même dans sa propre patrie selon de Hadeln, et acquis pour l'Italie par Lady Film. De son côté, Margarethe Von Trotta a offert un rôle magnifique à Katja Riemann qui a remporté la Coppa Volpi de la meilleure interprétation féminine pour Rosenstrasse: "Je dédie mon prix - a précisé l'actrice - à ces femmes de Berlin qui en 1943 avaient le cœur empli d'amour et de désespoir, mais qui ont su résister au nazisme".
Si le cinéma américain a été récompensé uniquement pour le talent d'un rebelle indépendant comme Sean Penn (Coppa Volpi du meilleur acteur) dans le film du réalisateur mexicain qui monte (Alejandro Gonzalez Inarritu), les maîtres de maison italiens ont été les plus pénalisés: le jury ne s'est pas fait influencer par les ovations du public et de la presse pour Buongiorno, notte de Marco Bellocchio. Il a seulement remis à Luigi Lo Cascio (très ému) le "Prix pour une contribution individuelle remarquable" (le scénario). Le réalisateur, irrité par ce prix "de consolation" était déjà reparti à Rome dans l'après-midi pour recevoir des applaudissements mérités à l'occasion de la première du film dans la capitale. Seule consolation pour les hôtes italiens, le prix de la Settimana Internazionale della Critica décerné à Ballo a tre passi de Salvatore Mereu.
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