Critique : Those That, at a Distance, Resemble Another
par Carlota Moseguí
- La réalisatrice argentine et britannique Jessica Sarah Rinland se lance dans le long-métrage avec un essai poétique sur les méthodes de conservation et de restauration des oeuvres dans les musées
Après avoir fait sa première mondiale au Festival de Locarno, le premier long-métrage de la réalisatrice argentine et britannique Jessica Sarah Rinland, Those That, at a Distance, Resemble Another [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film], a fait sa première nord-américaine dans la section Wavelengths du Festival de Toronto. Ce film, lauréat d'une mention spéciale dans le cadre de la nouvelle section compétitive de l’événement suisse, Moving Ahead, est un essai conceptuel sur la valeur des répliques des objets dans le contexte des musées.
Le documentaire bénéficie de la participation d’experts (archéologues, céramistes, curateurs, biologistes et autres techniciens de laboratoire) dans le processus de conservation et de restauration des répliques de pièces de musée. Par exemple, des défenses d'éléphant en marbre. du bloc vérifier de marbre d’un éléphant. Le travail desdits experts n'est cependant jamais expliqué au spectateur. Ce dernier assiste à l’exécution des gestes des spécialistes comme s’il s’agissait d’une cérémonie fascinante. En fait, la caméra de Rinland ne fait que documenter les tâches qui sont accomplies au musée au moyen de gros plans en 16 mm sur les mains des techniciens qui œuvrent avec une délicatesse infinie.
Dans cette succession d’images exquises de mains travaillant sur l’artefact, on détecte celles de la cinéaste (toujours les ongles vernis), qui contribue aussi aux activités de conservation. Ses apports gestuels et verbaux sont capitaux dans le film, car dans une scène, on entend sa voix qui explique à ses camarades de laboratoire la thèse d’un livre qui est en fait l'axe central du film. Dans cette dissertation philosophique, Rinland qualifie la copie (c’est-à-dire la réplique qu’elle est en train de manipuler) comme un artefact parfait et inaltérable, alors que l’original n’est pas doté de la même aura de perfection, parce qu’il est victime de la réalité et du temps.
Those That, at a Distance, Resemble Another articule une théorie sur le rôle de la réplique dans l’espace du musée et pare de dignité son usage (inconnu de la plupart). De son côté, cet essai poétique nous permet aussi de voyager et de comprendre le réseau invisible qui connecte les musées du monde, de Sao Paol, Manaos, Río de Janeiro, Belén et Londres, à travers la circulation des pièces.
Those That, at a Distance, Resemble Another a été produit par la société espagnole Filmika Galaika et Jessica Sarah Rinland elle-même.
(Traduit de l'espagnol)
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