Critique : The Burnt Orange Heresy
par Jan Lumholdt
- VENISE 2019 : Giuseppe Capotondi joue avec un petit mystère joliment tourné qui ne suffit pour faire 98 minutes de film
Commençons par le début : que Claes Bang soit en chemin vers une carrière internationale jalonnée de rôles masculins forts, c’est formidable, car il n’y a pas de personnages plus sympathique. "Incroyable qu’il n’ait jamais eu un premier rôle", disait Ruben Östlund en parlant de l’acteur danois, qui devait se contenter surtout de rôles de second plan à la télévision (par exemple celui de Claudio le type du téléphone dans The Bridge) jusqu'à ce qu'il lui confie le rôle principal bien dodu de curateur de musée dans le film couronné d’une Palme d’or The Square [+lire aussi :
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fiche film], après quoi les choses ont littéralement fait "Bang" ! Le voilà maintenant dans un autre premier rôle, de nouveau celui d’un expert en art, dans The Burnt Orange Heresy [+lire aussi :
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fiche film], adaptation par Giuseppe Capotondi du roman criminel de Charles Willeford qui a été présentée en clôture de la Mostra de Venise 2019.
Qui plus est, Bang mène une troupe qui comprend aussi Donald Sutherland et Mick Jagger. Il joue le rôle de James Figueras, un critique d’art portoricain (comme dans le livre) qui voudrait faire mieux que simplement donner des conférences pour des touristes américaines qui peuvent ainsi cocher la case culture de leur programme de vacances européennes. Il décide donc de mettre le turbo en disséquant une peinture apparemment peinte au jambon par une artiste norvégienne célébrée qui a survécu à l’Holocauste et qui a, après cela, juré de ne jamais plus se servir d’un pinceau. "Qui voudrait une impression ?", demande-t-il, et toutes les mains se lèvent. Il confesse ensuite qu’il a menti comme un arracheur de dents et que ce gribouillage est le sien. Toutes les mains se baissent sauf une, celle d’une blonde hitchcockiennes jeune et cool, originaire de Duluth, qui n'avait semble-t-il rien de mieux à faire ce week-end là. Ni une ni deux, notre Cary Grant hispano-scandinave et notre Grace Kelly australienne tendance Minnesota (Elizabeth Debicki, de Gatsby, le magnifique) emménagent sans tarder dans la chambre de son appartement milanais. Peu après, ils vont au Lac de Côme. C'est là que Jagger entre en scène.
Mick joue Cassidy, un collectionneur en art aussi riche que notre star préférée des années 60, qui semble avoir un sacré as dans sa manche. Ce n’est autre que le plus légendaire des artistes reclus, un certain Jerome Debney (Sutherland), qui réside présentement dans la maison jouxtant la piscine du domaine de Cassidy. Est-ce que Figueras voudrait un entretien avec ce génie-jamais-interviewé-auparavant ? Affirmatif ! Sauf qu’il y a un truc : Figueras va devoir denicher, et saisir, une œuvre nouvelle par Debney, dont personne n'a vu la production en cinq décennies. Il va sans dire que cela va causer du grabuge. À la fin d’une journée de vol, de contrefaçon et même de mort, notre critique d'art qui aimerait faire mieux peut se poser la question suivante : devrais-je me méfier de ce que je souhaite ?
Quoique The Burnt Orange Heresy fonctionnerait parfaitement comme un court-métrage à mystère retors, il ne suffit pas vraiment à remplir 98 minutes. Certaines parties manquent visiblement de la présence de Jagger et Sutherland, dont la disponibilité pour le tournage a pu être limitée (on ne les voit ensemble dans aucune scène). Quant à notre homme, Bang, pour lequel ce film est vraiment une grande vitrine, il se pose clairement comme une sorte de Pierce Brosnan continentale. En tant que tel, on lui souhaite d’autres coups de téléphone intéressants, de l’étranger et chez lui. Von Trier, peut-être ?
The Burnt Orange Heresy est une production des sociétés américaines MJZ, Rumble Films et Wonderful Films, avec l’italienne Indiana Production. Ses ventes internationales sont gérées par HanWay et UTA/CAA (États-Unis).
(Traduit de l'anglais)
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