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LONDRES 2019

Critique : I Am (Not) a Monster

par 

- Nelly Ben Hayoun-Stépanian a concocté un documentaire sur les origines de la connaissance qui tout en étant plaisamment farfelu, donne matière à réfléchir

Critique : I Am (Not) a Monster
Director Nelly Ben Hayoun-Stépanian dans I Am (Not) a Monster

I Am (Not) a Monster [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, le troisième long-métrage documentaire de Nelly Ben Hayoun-Stépanian (Disaster Playground, The International Space Orchestra), a fait sa première mondiale dans le cadre de la compétition documentaires du Festival BFI de Londres.

Ce travail suit Ben Hayoun-Stépanian tandis qu’elle se lance dans une quête impossible pour trouver les origines de la connaissance, avec une caméra à l'épaule qui la suit partout dans le monde. Sa complice est Hannah Arendt, la théoricienne politique dont les idées sur la pluralité et l’autoritarisme sont de plus en plus pertinentes à l'heure où ont accédé au pouvoir des politiques et idéologies comme celles de Trump et Le Pen. Ben Hayoun adopte les idées d'Arendt, s'habille comme elle et va rencontrer plusieurs personnes pour causer connaissance, pensée et éducation. Parmi les plus de cinquante contributeurs interviewés pour le film figurent le philosophie Noam Chomsky, l'activiste et politicien Magid Magid, Nadezhda Tolokonnikova des Pussy Riot et un ancien étudiant d'Hannah Arendt, le professeur de philosophie Richard Bernstein. Ben Hayoun, réalisatrice, productrice et scénariste du documentaire, est vraiment une femme de la Renaissance : formée en peinture, en design, en géographie humaine et en philosophie politique, elle est designer d’expériences, fondatrice de l’université gratuite University of the Underground et conférencière, et ce n’est qu’une fraction de ce qu’elle sait faire.

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I Am (not) a Monster est aussi riche en facettes et fascinant que son auteur. Et, à vrai dire, un peu cinglé. Les origines de la connaissance auraient pu être pourchassé de manière sèche, avec beaucoup de têtes parlantes et de références scientifiques. Mais heureusement, et pour l’accessibilité, ce n’est pas le cas ici. Au lieu de cela, l’approche est joueuse et reste captivante même quand ce qu'on voit à l’écran n’est pas tout à fait clair, comme la séquence où Ben Hayoun-Stépanian joue de la flûte (assez mal) sur la tombe d'Arendt, ou celle où elle virevolte (assez bien) avec Magid Magid au Town Hall de Sheffield. Ces petits saynètes rigolotes servent de ponctuation aux interviews et, bizarrement, leur absurdité garde intacte l’attention des spectateurs.

La dimension facétieuse de I Am (Not) a Monster est également évidente dans le style d’interview farceur qu'adopte Ben Hayoun-Stépanian. Par exemple, certaines des personnes interviewées sont présentées à une marionnette de Hannah Arendt dans le style du bunraku japonais, tandis que d’autres se retrouvent à parler à une troupe de restes d’hominidés et se voient demander de construire une machine à connaissance, ou de chanter une chanson. Mais loin de distraire ou d’ennuyer, cette approche décalée convient bien au style expérimental sympathique d’un film qui assume clairement ses aspects peu conventionnels.

Comme le reste du documentaire, la musique qui l'accompagne est également alternative par nature : on y entend notamment du hip-hop éthiopien, des chansons des Pussy Riot et même un prêtre shintoïste qui rappe.

Malgré son excentricité, l’objectif principal du film reste d’amener à réfléchir, de lancer des débats et de proposer différents points de vue de gens qui travaillent dans différents domaines, en proposant dans le même temps l'idée d'un documentaire réalisé par plusieurs auteurs.

I Am (Not) a Monster, concoction d’humour et de pensée en dehors des cases, traite d’un sujet qui, raconté de manière plus rigide, aurait pu être difficile à percer. Cependant, ainsi présenté, c'est-à-dire avec une dose généreuse de fantaisie, presque comme quand on trompe un enfant pour qu’il prenne des médicaments (la tromperie servant de diversion à quelque chose de nécessaire), Ben Hayoun-Stépanian rappelle à son public, de manière légère, l’importance de la connaissance à l'ère du mensonge systématique.

I Am (Not) a Monster a été produit par Nelly Ben Hayoun Studios. Ses droits pour le Royaume-Uni sont gérés par Dartmouth Films.

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(Traduit de l'anglais)

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