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ARRAS 2019

Critique : Un’Avventura

par 

- Révélé avec L’Affranchie, Marco Danieli se livre à une expérience intéressante et non dénuée de charme avec une comédie musicale autour des chansons de Lucio Battisti

Critique : Un’Avventura
Laura Chiatti e Michele Riondino in Un’Avventura

Genre éminemment risqué, la comédie musicale est suffisamment rarement abordée dans le paysage cinématographique du Vieux Continent pour que la tentative de Marco Danieli, très remarqué avec son premier long métrage L’Affranchie [+lire aussi :
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(dévoilé à Venise en 2016 aux Giornate degli autori et distingué par le David di Donatello 2017 du meilleur réalisateur débutant) mérite qu’on s’y attarde. Projeté dans la section Découvertes européennes du 20e Arras Film Festival, le second long du cinéaste italien a choisi d’articuler l’expérience autour de dix chansons culte de son compatriote Lucio Battisti (sur des paroles de Mogol) dont celle datant de 1969 qui donne son titre au film : Un'Avventura [+lire aussi :
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. Et c’est d’une histoire d’amour au long cours dont il est question, un récit prenant son envol au début des années 70 dans une petite ville des Pouilles que décide de quitter la belle Francesca (Laura Chiatti) pour aller découvrir le monde, laissant derrière elle le jeune mécanicien-guitariste énamouré Matteo (Michele Riondino).

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Les promesses ("ici, rien ne me convient, à part toi", je t’écrirai, c’est plus romantique") évanouies et enterrées par des courriers revenant avec la mention "n’habite pas à l’adresse indiquée" plongent Matteo dans une profonde déprime symbolisée par Io vivrò (senza te). Mais cinq ans plus tard, Francesca ressurgit avec une bande de hippies installant leurs nuits festives sur la plage au son de Uno in più et les sentiments réciproques d’une attraction limpide se réveillent (Acqua azzurra, acqua chiara). Viendra ensuite Rome où les deux amants s’installent, refusant d’être séparés par les aléas de la vie ("non sará Un’Avventura"), la féministe Francesca trouvant un travail dans une agence de publicité et poussant Matteo vers une carrière musicale chez Jingle Records, la filiale enregistrant les bande-sons des réclames. Mariage, temps qui passe, sensation des rêves se dissipant, trahison conjugale de Matteo pris en flagrant délit avec Linda (Valeria Bilello), accident, réconciliation minimale : les péripéties de l’existence défilent Nel sole, nel vento, nel sorriso e nel pianto. Puis c’est au tour de la jeune femme de mener une double vie dont le dévoilement douloureux (Non È Francesca) conduira à une séparation (Il Vento) et à deux solitudes essayant de se combler, chacune de leur côté, un peu désespérément (Dieci ragazze : "aucun couteau ne pourra jamais te blesser davantage qu’un grand amour qui te tord le cœur"). Mais Matteo (Balla Linda) et Francesca retrouveront-t-il un jour un amour aussi grand que celui qu’ils ont ressenti l’un pour l’autre et qu’ils ressentent peut-être encore ? Ou tout ne restera-t-il inscrit que dans Un’Avventura, la chanson de Matteo (devenu miraculeusement un tube) incarnant le printemps éternels de leur sentiments ?

Scénarisé par Isabella Aguilar, le film passe sans cesse de séquences de jeu à des scènes de chant interprétés par Michele Riondino et Laura Chiatti, le récit progressant en fiction et en musique, sur des chorégraphies signées Luca Tommassini. S’il est clair que l’intrigue a été conçue assez mécaniquement pour relier absolument les thématiques des dix chansons utilisées et que le fil-conducteur ultra-sentimental de l’ensemble frôle souvent le kitsch du roman-photo, le film ne manque pas d’inventivité, d’audace et d’un esprit de liberté salutaires. Certes, on n’est pas dans du Jacques Demy, mais la magie et le charme fou des œuvres de Lucio Battisti sont indiscutables et font décoller à rythme régulier le plaisir de regarder Un’Avventura car comme le dit un personnage "les chansons d’amour sont les seules qui ne vieillissent jamais".

Produit par Fabula Pictures avec Lucky Red et RAI Cinema, Un’Avventura est vendu par True Colours.

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