email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2020 Panorama

Critique : Si c’était de l’amour

par 

- BERLINALE 2020 : L’Autrichien Patric Chiha signe un documentaire immersif extraordinaire au cœur de la troupe de danseurs du spectacle Crowd de Gisèle Vienne

Critique : Si c’était de l’amour

"Explorez les rotations et essayez de trouver une respiration commune." C’est à un sensationnel voyage élargissant le champ de la perception du temps, de l’espace, du mouvement et des émotions que l’Autrichien Patric Chiha invite les spectateurs de son documentaire Si c’était de l’amour [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Patric Chiha
fiche film
]
, une œuvre très puissante présentée au Panorama de la 70e Berlinale. Un film qui signe la fusion exceptionnellement réussie d’un spectacle de danse hors normes, Crowd de Gisèle Vienne, et de la sensibilité extralucide d’un cinéaste sachant capter les oscillations les plus infimes, répercuter les sensations les plus violentes et magnifier un sujet que beaucoup auraient traité comme une banale captation.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

15 jeunes danseurs se préparent à entrer en scène, à prendre la lumière, à se fondre les uns dans les autres, à se dissocier, à s’abîmer dans le néant, à tenter d’être ou de renaître, à livrer collectivement "un combat en douceur" pour une performance collective inspirée des raves des années 1990. La musique techno bat le tempo d’une chorégraphie jouant sur l’hyper-ralenti tandis que la caméra glisse au plus près des visages, des temps de suspension, des saccades, des effondrements et des pulsions. Un tableau vivant offrant une immense liberté de regard à son public, comme un organisme multicellulaire en très lente gestation hypnotique. Un tourbillon d’attractions et de répulsions, de déchainement et de calme, d’étreintes et de solitudes, de tendresse et de brutalité, des sentiments exacerbés que Gisèle Vienne peaufine avec une extrême précision en guidant ses interprètes durant les répétitions filmées par Patric Chiha. Ancrage dans le sol, équilibre, rebond, réglage des déplacements : chaque nuance de mouvement est travaillée avec une immense minutie créative ("il y a des papillons autour de vous", "tout ce que vous touchez est vraiment beau") dont la caméra retranscrit toute l’expressivité subtile. Car c’est d’émotions très fortes dont il est question, des affects humains archétypiques explorés si profondément et intensément qu’ils troublent hors de la scène les danseurs incarnant les différents personnages (dont une associable, un transsexuel, un nazi). "C’est censé être une fiction, mais dans le spectacle, elle est terrifiante. Tu sens qu’elle est dangereuse. Certains soirs, c’est comme une agression, comme un trou noir qui t’attire.

"En distillant quelques témoignages de quelques danseurs discutant entre eux en coulisses de leurs rôles ou se confiant à lui, le réalisateur dévoile la porosité et la fragilité de la frontière entre l’art et la vie, et il introduit aussi quelques respirations salutaires dans un documentaire spectaculairement fiévreux. Car c’est surtout dans les séquences sur scène que Si c’était de l’amour prend toute son incroyable et fascinante dimension organique restituée à merveille par les talents conjugués de la photographie (signée Jordane Chouzenoux) et du montage (Anna Riche). Le cinéaste réussit donc haut la main son pari de laisser se déployer librement le sens à partir du mouvement et d’ouvrir au spectateur un horizon passionnant de possibles particulièrement percutant et stimulant.

Produit par la société parisienne Aurora Films, Si c’était de l’amour sera distribué en France le 4 mars par Norte Distribution. Les ventes internationales sont assurées par les Belges de Best Friend Forever (filiale d’Indie Sales).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy