email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2020 Forum

Critique : Petit Samedi

par 

- BERLINALE 2020 : En dédoublant le regard sur l’addiction, Paloma Sermon Daï livre un film sensible sur l’amour filial et maternel et les deuxièmes chances

Critique : Petit Samedi

Premier long métrage documentaire de Paloma Sermon Daï, Petit Samedi [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Paloma Sermon Daï
fiche film
]
, sélectionné dans le Forum de la 70e Berlinale, tient autant du geste de cinéaste que du film de famille, plongeant le spectateur au coeur de la relation complexe et déchirante qui unit une mère malmenée par la vie et un garçon de 43 ans en lutte contre ses addictions.

Le Petit Samedi du titre, c’est Damien, le cadet des frères Samedi, 43 ans au compteur. Damien vit à Sclayn, petit village en bord de Meuse. Il vit près de chez sa mère, très près. C’est une relation intense qui les unit, faite d’amour, de bienveillance et de solidarité. Damien veille sur sa mère, et sa mère, Ysma, veille sur lui.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Car Damien ne va pas bien. Depuis 20 ans, il est rongé par ses addictions et sa toxicomanie. S’il n’a jamais lâché prise, ses cures successives de désintoxication n’ont pas porté leurs fruits, et 20 ans plus tard, son combat reste quotidien pour être dans la société, et tenir jusqu’au jour d’après.

Ysma a toujours soutenu Damien. Peut-être que si elle n’avait pas tant pleuré pendant sa grossesse… Peut-être que si elle l’avait laissé quitter le nid… Peut-être irait-il mieux. Peut-être ne serait-il plus là.

Avec Petit Samedi, Paloma Sermon Daï filme son frère et sa mère, et dresse le portrait d’un duo indéfectible, petit précis d’amour filial et maternel. Elle choisit d’aborder la question de l’addiction, affliction terrible et sous-accompagnée socialement à travers le prisme de cette histoire d’amour entre une mère et son fils.

Mère et fils sont les héros de cette tranche de vie, filmée avec autant de pudeur que d’intimité. La caméra reste d’abord à la périphérie de leurs rencontres, à l’intérieur de la maison, mais à l’extérieur de la pièce, comme pour prendre la température et amadouer peu à peu les deux protagonistes.

Au fil du film, elle se rapproche, et finit par capter l’un et l’autre dans de fulgurants plans fixes, Damien dans la cabinet de sa thérapeute, s’ouvrant sur les causes et les conséquences profondes de son addiction. Ysma notamment dans un surprenant monologue où elle s’imagine candidate d’un jeu à la radio. Si Ysma est une conteuse, Damien apprivoise les mots pour se livrer toujours un peu plus.

Le film débute par une scène de danse effrénée, des jeunes s’oublient la nuit. Un peu trop peut-être. C’est dans l’une de ces nuits de folie que s’est perdu Damien. Une erreur, une fois, un mauvais choix, qui se répercute encore 20 ans plus tard. Il y a une belle et déchirante mélancolie dans cette nostalgie de l’enfance, le moment d’avant, le paradis perdu. Pourtant on comprend à demi-mots que dès le début, les graines du drame sont plantées. Et que sans Ysma, Damien y serait peut-être resté.

Si le film se déroule essentiellement dans la maison d’Ysma, et même à la table de la cuisine, les personnages évoluent côte à côte dans un petit village où l’on s’ennuie, où tout le monde se connaît, pour le meilleur et pour le pire. La cinéaste ancre le film dans le territoire, contextualisant ainsi la jeunesse de Damien et sa déshérence.

En dédoublant le regard sur l’addiction, vue du côté de l’addict et du côté de sa mère, Paloma Sermon Daï livre un film sensible sur la toxicomanie, l’amour filial et maternel, et les deuxièmes, troisièmes, ou quatrièmes chances.

Petit Samedi est produit par Sébastien Andres et Alice Lemaire pour Michigan Films, et coproduit par Wallonie Image Production et Dérives. La société grecque Heretic Outreach le vend à l’international.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy