Critique : De Gaulle
par Fabien Lemercier
- Lambert Wilson incarne le célèbre général dans un film historico-romanesque de Gabriel Le Bomin plongeant au début de la seconde Guerre Mondiale, entre débâcle militaire et essor d’un destin
Il avait déjà incarné l’abbé Pierre (Hiver 54) et le commandant Cousteau (L’Odyssée [+lire aussi :
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fiche film]), mais on l’a aussi vu en prêtre dans Des hommes et des dieux [+lire aussi :
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fiche film], en comte bretteur en plein massacre de la Saint-Barthélemy dans La Princesse de Montpensier [+lire aussi :
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fiche film] ou encore dans le rôle du Mérovingien dans Matrix Reloaded et Matrix Revolutions. Bref, c’est un acteur protéiforme comme il en existe assez peu en France. Mais avec De Gaulle [+lire aussi :
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fiche film] de Gabriel Le Bomin, lancé aujourd’hui dans les salles françaises par SND, Lambert Wilson a placé la barre encore plus haut puisque c’est l’uniforme du célèbre général, "l’homme qui a dit non" à la capitulation française face aux Allemands le 18 juin 1940, qu’il endosse cette fois pour une performance "à l’américaine", prothèses et maquillage inclus. Une interprétation transformiste (qui aura probablement ses partisans et ses détracteurs tant la figure du général de Gaulle est de l’ordre du mythe hexagonal) qui constitue le centre d’intérêt majeur d’un film tentant de mêler la grande (et intéressante) Histoire des quelques semaines de la débâche militaire française jusqu’à "l’Appel du 18 juin" invoquant la résistance, au portrait romanesque (beaucoup plus convenu) d’un couple et d’une famille naviguant à vue sur les routes de l’exode.
"Une victoire, c’est aussi une disposition de l’esprit, une volonté de vaincre". Sur le front, le 28 mai 1940 à Abbeville, le colonel de Gaulle voit ses prédictions de théoricien se matérialiser : la force mécanique des blindés et des bombardements l’emporte, mais c’est au détriment de la France, dramatiquement enfoncée par l’avancée allemande. Rappelé à Paris et promu général, il est nommé sous-secrétaire d’État par le président du Conseil Paul Reynaud (Olivier Gourmet) avec le soutien du ministre de l’Intérieur Georges Mandel (Gilles Cohen). Sa conviction que le conflit sera mondial et que les forces françaises doivent poursuivre le combat à partir de leurs colonies se heurte immédiatement au maréchal Pétain (Philippe Laudenbach) et au général Weygand (Alain Lenglet) qui prêchent, non sans arrière-pensées (reprendre le gouvernail aux politiciens, "régler son compte à cette République de malheur", le tout sur fond d’antisémitisme) en faveur d’un armistice. Enchaînant les allers retours avec Londres pour négocier avec Churchill (Tim Hudson) tandis que le gouvernement français se réfugie à Bordeaux, l’ambitieux De Gaulle se retrouve rapidement face à un choix très risqué pour un militaire : désobéir en solitaire et sauter dans l’inconnu dans l’intérêt de la survie de sa haute idée de la France. Pendant ce temps, le général s’inquiète également pour sa famille, sa femme Yvonne (Isabelle Carré) et leurs trois enfants Philippe (Félix Back), Élisabeth (Lucie Rouxel) et la petite Anne (Clémence Hittin) qui est trisomique, en pleine errance sur les routes de l’Hexagone, accompagnés par leur gouvernante (Catherine Mouchet).
En voulant travailler à la fois sur l’historique et sur l’intime, Gabriel Le Bomin (qui a écrit le scénario avec Valérie Ranson-Enguiale) s’est embarqué dans une fausse bonne idée qui disperse le potentiel d’un film dont le volet politique est plutôt instructif et assez passionnant dans le sillage très rythmé des événements qui se précipitent. Et si Lambert Wilson façonne un De Gaulle parfaitement crédible, très bien entouré par tous les seconds rôles militaro-gouvernementaux, les péripéties de la fuite de la famille du héros ont des allures de roman-photo un peu "cheap" (sans que leurs interprètes déméritent) qui éloignent le film de l’efficacité du modèle des biopics à l’américaine.
Produit par Vertigo Production et coproduit par Les Films de La Baleine, SND, France 2 Cinéma, France 3 Cinéma et Les Productions du Renard, De Gaulle est vendu à l’international par SND.
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