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CANNES 2020

Des réactions françaises sur l’éventuel report du Festival de Cannes

par 

- Les hypothèses d’un Festival de Cannes fin juin-début juillet et d’un Marché du Film virtuel analysées par Playtime, Pyramide, Charades et d’autres professionnels français

Des réactions françaises sur l’éventuel report du Festival de Cannes
(© Mathilde Petit/FDC)

Le Festival de Cannes s’étant résolu le 19 mars (lire l’article) à renoncer aux dates  initialement prévues (du 12 au 23 mai) pour sa 73e édition et ayant annoncé que parmi les hypothèses à l’étude, en fonction évidemment de "l’évolution de la situation sanitaire française et internationale", "la principale serait un simple report, à Cannes, fin juin – début juillet 2020", Cineuropa a recueilli les réactions de quelques professionnels français qui ont également évalué la possibilité d’un Marché du Film en ligne (news).

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Nicolas Brigaud-Robert (Playtime) : "Il faut d’abord remercier le Festival de Cannes et Thierry Frémaux d’avoir pris la décision d’annuler les dates de mai sans attendre le 16 avril. L’idée de décaler le festival à fin juin-début juillet est très bonne et elle ne serait pas du tout disruptive pour notre métier de vendeur international. Ce serait formidable et nous irions avec tous nos moyens. Quant à un éventuel Marché du Film virtuel, cela ne sert à rien d’y penser tant qu’il n’y aura pas de certitude sur l’organisation ou non du Festival de Cannes fin juin-début juillet. Cela dépendrait aussi de beaucoup d’autres paramètres qui sont incertains à ce jour : les dates de livraison des films, les dates de sortie, etc. À l’heure actuelle, il y a beaucoup trop de "si" pour raisonner dans une matrice logique. Mais en attendant, tous les films de notre line-up dont la post-production était suffisamment avancée, ont été livrés au Festival de Cannes pour visionnage."

Éric Lagesse (Pyramide) : "Reporter et non annuler est une décision sage et la meilleure des solutions, la plus responsable et aussi celle qui protège le mieux notre activité qu’un report du Festival de Cannes fin juin-début juillet ne changerait pas radicalement. En revanche, si le Festival était annulé, cela aurait pour nous de lourdes conséquences économiques. L’hypothèse d’un Marché du Film virtuel sans festival ? Ce serait compliqué car c’est l’interaction entre festival et marché, entre la sélection et le marché, qui fait la force d’événements comme Cannes et Berlin. De mon point de vue de distributeur en France, si le Festival de Cannes pouvait se dérouler fin juin-début juillet dans des conditions normales, avec une sélection, un jury, une épidémie derrière nous et que tous les professionnels français pouvaient être présents, ce serait très important pour les sorties ensuite des films. En tant que vendeur international, comme le buzz et les critiques sont essentiels, s’il y 50% d’acheteurs internationaux en moins, ce serait quand même bien d’organiser un marché virtuel pour les journalistes et les acheteurs qui ne pourraient faire le déplacement afin qu’ils découvrent les films dans les conditions cannoises. Globalement, nous naviguons actuellement à vue, mais jusqu’à présent tous les professionnels sont compréhensifs et solidaires. Il faut aller de l’avant."

Yohann Comte (Charades) : "Toute nouvelle qui n’était pas une annulation est une bonne nouvelle, même si évidemment il est actuellement totalement impossible d’avoir des certitudes. Cannes est le plus gros marché de l’année. Pour les projets, les promoreels, les rencontres, on pourrait trouver des palliatifs en cas d’annulation, mais pour les films terminés, le cinéma d’auteur et en particulier les premiers longs métrages ont besoin de l’effervescence et du prestige du Festival de Cannes. Par ailleurs, Venise et Toronto ne pourraient pas absorber tous ces films, d’autant plus qu’il semble compliqué aujourd’hui de tout miser sur la Mostra puisque Venise se trouve dans une région très touchée par l’épidémie. Pour l’instant, si le décalage de Cannes pouvait se concrétiser, ceux qui en pâtiraient le plus seraient les festivals qui n’ont pas encore décalé comme Karlovy Vary et Locarno. Cannes pourrait aussi survivre à une édition sans les Américains, et il y a aussi maintenant un peu d’espoir pour les Asiatiques puisque l’activité semble repartir dans cette région du globe. Si le Festival de Cannes 2020 ne pouvait pas avoir lieu, le marché dispose d’outils permettant de vendre. Donc pour les films à un an et pour les films de marché, ce serait totalement possible de travailler et d’avancer. En revanche, pour les films terminés que je qualifierais de "festival dépendants" car ils ont besoin de buzz, ce serait un vrai problème, sans oublier qu’il y a maintenant beaucoup de films dont la post-production est arrêtée. Mais ce qui nous concerne, quoi qu’il arrive, nous annoncerons notre nouveau line-up."

D’autres professionnels français ont préféré s’exprimer anonymement, tous s’accordant sur le bien-fondé du timing de l’annonce de l’équipe cannoise ("c’était le moment ou jamais, il fallait décaler" affirme l’un d’entre eux, résumant parfaitement le point de vue général) et sur l’absence totale de prédictibilité de la suite ("il faut arrêter de faire des projections, personne ne peut savoir aujourd’hui où l’on en sera dans trois mois et demi et quand interviendra le pic de l’épidémie" souligne une vendeuse internationale). Néanmoins, ce qui est certain, insiste un autre vendeur, c’est que "les Américains sont tétanisés. On dirait que le Festival de Cannes va avoir lieu demain matin !". Au coeur de l’industrie cinématographique française, les sentiments oscillent entre "n’enterrons pas le Festival de Cannes trop vite" avec l’espoir que la Sélection officielle puisse être annoncée mi-mai avec un Festival démarrant le 24 juin, et l’analyse lucide que c’est le niveau de la crise sanitaire à la mi-mai qui décidera in fine.

Dans le cas de figure qui verrait le Festival de Cannes 2020 contraint à l’annulation, l’hypothèse d’un Festival en ligne (pour les films qui l’accepteraient) est envisagée très sérieusement par certains qui pensent que le Festival de Cannes devra exister d’une manière ou d’une autre cette année. Quand à un éventuel Marché du Film cannois virtuel, tous les professionnels contactés considèrent que ce serait une solution incontournable en cas d’impossibilité d’organisation physique : "il faudra un marché à un moment ou à un autre, quoi qu’il arrive, et s’il doit se dérouler en ligne, pourquoi pas. Mais ce serait quand même triste car l’essence de notre métier, c’est de se voir, d’échanger et de négocier dans le monde réel." Mais pour l’instant, chacun garde l’espoir (en se préparant néanmoins à toutes les options) que l’épidémie sera enrayée en France et que le Festival de Cannes pourra se dérouler fin juin-début juillet. Affaire à suivre…

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