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FILMS / CRITIQUES France

Critique : Les Rascals

par 

- Jeunes des cités contre skinheads. Choc des styles et de la violence dans le Paris de 1984 pour le premier long métrage à la fois populaire et politique de Jimmy Laporal-Trésor

Critique : Les Rascals
Marvin Dubart, Taddeo Kufus, Jonathan Feltre, Missoum Slimani et Jonathan Eap dans Les Rascals

"Ils m’ont pété la gueule, et alors ? Je ne suis pas mort. Pas de flics. Ça se règle dans la rue".  "Je veux être là. Je veux tout voir". Il y a un effet miroir assez vertigineux à la découverte de Les Rascals [+lire aussi :
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, le premier long de Jimmy Laporal-Trésor, lancé dans les salles françaises par The Jokers et Les Bookmakers. En replongeant en juin 1984, date de la première percée électorale de l’extrême-droite en France (11% et dix députés aux élections européennes), le film résonne en effet aujourd’hui avec une inquiétante acuité, cette mouvance politique ayant désormais atteint de très hautes altitudes, voire le pouvoir dans certains pays européens.

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S’il navigue sur cette trame idéologique, esquissant un portrait de la France de l’époque et la confrontation d’une jeunesse multiculturelle de la banlieue parisienne aux skinheads fascistes, ce coup d’œil dans le rétroviseur n’est portant pas une œuvre politique manichéenne. Le cinéaste (qui ne cache pas son engagement), préfère orchestrer son propos autour du cycle de la vengeance et de la haine attisés par les mauvais génies idéologiques et les failles sociétales. Mais surtout, il emprunte une voie stylistique plutôt radicale avec une reconstitution haute en couleurs de la jeunesse populaire parisienne alors fascinée par l’Amérique des années 50 (creepers, chinos, blousons de cuir, rock noir américain et début du hip-hop) et attirée comme un papillon par le centre bouillonnant d’une capitale filmée dans des tons froids et oppressants par le chef-opérateur Romain Carcanade (La Nuée [+lire aussi :
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interview : Just Philippot
fiche film
]
).

Avec le mot "Rascals" inscrit au dos de leurs blousons, Rudy (Jonathan Feltre) l’Antillais, Rico (Missoum Slimani) qui se présente comme Italien alors qu’il vient d’Afrique du Nord, Sovann (Jonathan Eap) venu du Cambodge, Mandale (Marvin Dubart) et Boboche (Taddeo Kufus) constituent une bande d’amis soudée autour de laquelle tourne l’adolescent Mitch (Emerick Mamilonne). Âgés d’environ 18 ans, les Rascals ne pensent qu’aux sorties à Paris, aux concerts, aux filles, alors que planent les menaces du chômage ou du service militaire obligatoire. Mais à cause d’une très violente altercation chez un disquaire, leur route va croiser celle de l’étudiante Frédérique (Angelina Woreth) et dans son ombre, celle Adam (Victor Meutelet) et de sa meute d’extrême-droite. L’engrenage est lancé, une très dangereuse spirale où les armes (des battes de baseball aux pistolets) seront de la partie…

S’immergeant dans les codes de ces deux jeunesses opposées, Jimmy Laporal-Trésor signe un premier long nerveux et percutant, toujours en mouvement. Volontairement assez simple dans son traitement narratif et un peu inégal sur le plan de l’interprétation, le film est un premier essai audacieux et prometteur (même si pas totalement abouti) pour un réalisateur qui à l’évidence, et c’est tant mieux, n’entend pas se laisser imposer de formatage en matière de représentations sociologiques et stylistiques.

Produit par Spade (filiale production de The Jokers Films) et Agat Films, et coproduit par France 2 Cinéma, Rascals est vendu par Wild Bunch International.

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