SAN SEBASTIAN 2020 Compétition
Critique : Drunk
par Kaleem Aftab
- Thomas Vinterberg puise de nouveau dans sa veine comique avec un excellent film à concept où se saouler est un remède à tout
Drunk est un des films finalistes du Prix LUX du Public 2021.
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fiche film] de Thomas Vinterberg est si bonne qu’on espère bien qu’il est allé au pub pour fêter ça devant un verre quand lui, ou son nouveau fidèle scénariste Tobias Lindholm (sur Submarino [+lire aussi :
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fiche film] en 2016, and), l'a imaginée. Ou peut-être que c'est alors qu'il était de sortie avec les copains que Vinterberg a décidé de faire un film inspiré par la théorie obscure du psychologue norvégien Finn Skårderud selon laquelle l’homme est née avec un déficit d’alcool dans le sang de 0,5%. La question devient ensuite : qu’advient-il de votre bien-être si vous essayez de rester tout le temps à ce niveau parfait d'ébriété ? Est-ce que l’homme serait plus heureux ainsi (car dans ce film, les femmes et petites amies restent globalement à la maison à râler, et c'est un peu là où il se rate) ? Qui peut résister à un pitch aussi génial, qui aurait pu être écrit au dos d’un paquet de cigarettes ? Pas Cannes, qui a accordé à Drunk son label Sélection officielle, ni le Festival de Toronto, qui l'a également intégré à sa sélection officielle, et ni San Sebastian, où le film vient de faire sa première mondiale physique, en compétition.
Il semble tout naturel qu’une fois qu’on a imaginé un telle idée de départ, il faille réunir le vieux groupe. Et quel moment à fêter au champagne quand on voit tous réunis dans le même film autant d'acteurs qui ont déjà travaillé avec Vinterberg : Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Magnus Millang et Lars Ranthe. Ils jouent tous des professeurs de lycée en pleine crise de la quarantaine ou cinquantaine qui cherchent à retrouver la flamme et à la maison, et au travail, et quel meilleur truchement manière que l’alcool pour cela ? Il y a quelque chose de tellement subversif dans cette idée que c’est presque une honte de rapporter que même au cinéma, l’alcool fait office de médicament pour les maux de la vie, exactement comme on l'attendrait. Il y aura bel et bien gueule de bois après. Au début, on a l’impression que Vinterberg va célébrer l’alcool comme un remède à toute chose d’une manière qui ravirait Withnail et moi. Un élève nerveux se voit même suggérer de boire un coup pour apaiser son anxiété par rapport aux examens, et ça marche à merveille. Martin (Mikkelsen), qui enseigne l’histoire, se met à raconter aux enfants que l’alcool est le dénominateur commun qui relie les grands hommes du passé. Son changement d’approche de l'enseignement fait que ses élèves se mettent à le regarder comme s’il était le John Keating de Robin Williams. Puis vient le mal de tête au réveil.
Mais Vinterberg est un réalisateur intelligent et il ne fait pas l’erreur de laisser un film signé par lui être régi par une seule prémisse alcoolisée. Il utilise la ruse de la boisson pour piquer notre curiosité avant de révéler que ce film a un message plus profond sur le fait que quand la vie semble avoir perdu son sens et être devenue ennuyeuse, parfois, c’est peut-être le résultat de notre échec à être honnête avec nous-mêmes. Et c'est ce fût, dans l'histoire, qui fait de Drunk un conte qui célèbre les hauts et les bas de la vie.
L'ensemble est porté tout du long par la performance formidable de l'alcoolique-en-chef : Mikkelsen en Martin. L'acteur, qui joue ainsi dans sa langue natale pour la première fois depuis des années, excelle dans ce rôle, celui d'un homme qui traverse vraiment une mauvaise passe dans la vie, qui est las d'enseigner et dont le mariage bat de l’aile. L’alcoolisme fonctionne jusqu’à ce qu'il cesse de fonctionner, mais il affûte suffisamment sa perception pour qu'il en vienne à comprendre que quelque chose doit changer. Et cela va se produire de manière spectaculaire. Est-ce que sa vie sera plus heureuse ? On ne sait pas, mais au moins à l’intérieur, et à l’extérieur, il danse.
Drunk est une coproduction entre le Danemark, la Suède et les Pays-Bas qui a réuni les efforts de Zentropa Entertainments, Film i Väst, Zentropa International Sweden, Topkapi Films et Zentropa International Netherlands. Les ventes internationales du film ont été confiées à TrustNordisk.
(Traduit de l'anglais)
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