email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

ROME 2020

Critique : Le Discours

par 

- Laurent Tirard signe une comédie d’auteur grand public ironique et intelligente qui procède au rythme du flux de conscience de son héros

Critique : Le Discours
Benjamin Lavernhe (à droite) et Kyan Khojandi dans Le Discours

Prenez une petite amie en train de vous quitter qui ne répond pas à vos messages, un dîner en famille qui semble interminable et un futur beau-frère qui vous demande de faire un beau discours à son mariage alors que s'il y a une chose que vous détestez, c'est parler en public. Tout arrive le même soir pour Adrien, 35 ans et en pleine crise existentielle, dans le nouveau film de Laurent Tirard, Le Discours [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, une comédie réussie qui se déploie en suivant le flux de conscience du personnage, brise le quatrième mur et offre une mise en scène débridée et inventive autour de thèmes universels comme la famille, l'amour et la place qu'on a dans le monde.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Sur le papier, le pari était plus que risqué. Le film, qui fait partie de la sélection officielle Cannes 2020 et qui a été projeté à la 15e Fête du cinéma de Rome, est tiré du roman du même nom de l'auteur de bande dessinée français Fabrice Caro, un texte introspectif, destructuré et apparemment intraduisible à l'écran. Et pourtant Tirard, également auteur du scénario de cette adaptation, parvient à le transposer brillamment, bien secondé par une troupe d'acteur excellente. Monologues devant la caméra, conversations à table, voix hors champ, flashback et projections mentales alternent avec fluidité pour restituer le chaos qu'il y a dans la tête d'Adrien (Benjamin Lavernhe) tandis qu'il est à table avec sa mère (Guilaine Londez), son père (Francois Morel), sa soeur Sophie (Julia Piaton) et son beau-frère Ludo (Kyan Khojandi).

Cela fait 38 jours que la petite amie d'Adrien, Sonia (Sara Giraudeau), a mis leur relation en pause, sans donner d'explication. Quelques heures avant d'aller dîner chez ses parents, Adrien rompt le silence et lui envoie un sms. Mais aucune  réponse. Ainsi, tandis qu'à table, on discute des avantages du chauffage au sol, l'esprit d'Adrien est entièrement occupé par ce maudit portable qui ne sonne pas. La seule chose qui le distrait momentanément de la pensée de Sonia, en lui apportant une raison supplémentaire d'angoisser, c'est la demande de discours de mariage de la part du futur beau-frère ("fais-le pour ta soeur, ça la rendrait très heureuse"), qui le prend tellement de court qu'il manque de s'étrangler sur son gigot d'agneau. Pour vous donner une idée de l'envie qu'il a de faire ce discours, Adrien en vient même à imaginer le décès des mariés comme possible échappatoire. Entretemps, comme il n'a pas vraiment le choix, il se met à penser avec angoisse aux mots à utiliser et à se représenter sa “prestation d'acteur", ce qui lui donne une occasion de réfléchir à sa vie, à son rapport avec sa soeur, à ses échecs sentimentaux personnels, à l'hypocrisie des rapports familiaux, et de se remettre en qyestion.

Le Discours, comédie d'auteur grand public, surprend par ses trouvailles étonnantes : l'idée d'attribuer à chaque personnage un interprète de l'ONU pour souligner à quel point ils ont du mal à communiquer, par exemple. Adrien est gauche, névrosé, hypocondriaque, il a le coeur brisé et il ne pense qu'à lui. Il pourrait même irriter le spectateur, et pourtant on est de son côté parce qu'il est humain et d'une sincérité désarmante pour ce qui est de montrer ses faiblesses et ses petites mesquineries. L'ensemble est parcouru par une subtile mélancolie qui donne de l'épaisseur au récit et fait qu'on s'y identifie facilement.

Le Discours a été produit par Les Films sur Mesure, Le Pacte et France 2 Cinéma. Les ventes internationales du film sont assurées par Charades.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy