email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

THESSALONIQUE 2020

Critique : Unidentified

par 

- Le deuxième long-métrage du Roumain Bogdan George Apetri est un drame sinistre où un inspecteur de police de province excentrique et indiscipliné est poussé jusqu’au point de rupture

Critique : Unidentified
Bogdan Farcas dans Unidentified

Après son premier long-métrage, Outbound [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Ana Ularu
fiche film
]
, auquel il a été fait bon accueil, Bogdan George Apetri propose Unidentified [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, qui est un rappel de plus l'échec de la police, le soi-disant "bras armé de la justice", à nous protéger vraiment. Florin (Bogdan Farcas), le détective qu'on suit dans ce film épuisant et trop long, se lance virtuellement dans son orgie criminelle à lui tandis qu'il enquête sur les incendies mystérieux de deux hôtels touristiques. Le film, qui fait à l'efficacité des forces de l'ordre régionales en Roumanie une publicité désastreuse tout en offrant au public un spectacle confondant et frustrant, est au programme de la compétition Meet the Neighbours du Festival international du film de Thessalonique, peu après sa première le mois dernier à Varsovie, où il a reçu le Prix spécial du jury.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

À un moment où le public est certainement déjà sceptique quant aux agissements de la police, dont la corruption et les innombrables fautes professionnelles ont été exposées partout dans le monde, dans Unidentified, Apetri semble se complaire dans l'exploitation de ce phénomène. La scène d'ouverture, où le chef d'unité Sef (incarné par l'acteur aguerri Vasile Muraru avec un flegme amusant) fait des blagues racistes et se délecte à la pensée de toutes sortes d'agissements ripoux, faveurs louches et autres comportements manquant de professionnalisme, semble un clin d'oeil adressé au public. D'entrée de jeu, le film adopte un ton maladroitement auto-référentiel. Florin se lance ensuite dans une entreprise policière non-officielle franchement don-quichottesque que même le flic au regard de traviole qu'incarnait Nicolas Cage dans Bad Lieutenant : Escale à la Nouvelles-Orléans trouverait un brin excessive, et qui déstabilise ce film tiraillé entre le ton de la satire exaltée et celui du réalisme fondé sur l'étude de personnages.

Le premier acte, pensif, est soudé à un deuxième puis à un troisième acte qui font l'effet d'avoir été prélévés dans un film complètement différent, et de bien plus mauvais goût. Pour des raisons qui ne sont pas vraiment claires, Florin (que même son chef traite de "foutraque") tient absolument à reprendre une affaire dont s'occupe normalement son collègue Radu, parti en vacances : il veut trouver l'auteur des incendies criminels qui ont détruit les hôtels sus-mentionnés, tout deux propriété du même magnat des affaires local. Le suspect numéro un est l'anaphabète Romani Banel (incarné par un nouveau-venu, Dragos Dumitru), que Florin manipule habilement, après l'avoir arrêté, en l'asticotant et l'insultant pour scruter son innocence. Banel est gardien de nuit dans un autre hôtel du même propriétaire. Florin finit par le convaincre d'être son allié dans son enquête grâce à de vagues promesses d'autres emplois au black.

On apprend ensuite que Florin (et la structure narrative du film) cache depuis le départ d'autres informations peu glorieuses sur sa vie professionnelle et personnelle. Il est criblé de dettes (la banque veut saisir sa voiture) et sa femme, professeur de musique à l'école, l'a quitté. Ces deux types de soucis qui l'affectent vont converger en un paroxysme presque comique tant il manque de réalisme.

Si on voulait donner du rôle du metteur en scène de film une description intuitive, on pourrait parler de coordonnateur de la gestion du ton du récit. Par rapport à ce qu'il avait fait dans Outbound, Apetri n'arrive cependant pas bien ici à nous vendre les développements chaotiques qui surviennent dans l'intrigue : plus le réalisateur nous embarque sur ce terrain déroutant, plus on a du mal, comme spectateur, à croire cette histoire, à accepter le fameux pacte de crédulité. La bande sonore est chargée de morceaux pour piano de Chopin aux moments les plus incongrus. C'est une référence directe au métier de la femme que Florin a perdue, dont il continue de se languir, mais pour le public, avec leurs motifs circulaires alambiqués, ces indicateurs musicaux font figure de pans d'ironie dramatique qu'on n'arrive pas tout à fait à toucher de la main, de pathos que ce film ne mérite vraiment pas.

Unidentified est une coproduction entre la Roumanie (Fantascope Films), la Lettonie (Tasse Film) et la République tchèque (Cineart Production).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy