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Critique : Gate to Heaven
- Jivan Avetisyan propose dans son troisième long-métrage un récit dramatique palpitant qui se passe pendant la Guerre des Quatre Jours survenue dans le Haut-Karabagh en 2016
Cineuropa a eu la chance de pouvoir voir le nouveau film de Jivan Avetisyan. Son film dramatique sur fond de guerre Gate to Heaven [+lire aussi :
interview : Jivan Avetisyan
fiche film], un titre de coproduction internationale qui devait initialement faire sa première mondiale dans le cadre du Festival international du film de Moscou, a été retiré de sa section hors-compétition "pour éviter tout heurt entre Arméniens et Azéris à Moscou", une "mesure de précaution directement liée à ce qui se passe dans le Karabagh", selon la formulation choisie en septembre dernier par Kirill Razlogov, le directeur de la programmation. Avant de travailler sur ce projet, le réalisateur, qui est né à Gyumri mais qui a grandi à dans l'Artsakh (Haut-Karabagh, ndlt.), a réalisé plus de 20 documentaires et courts-métrages ainsi que deux longs-métrages de fiction, Tevanik et The Last Inhabitant.
L’histoire, écrite par le réalisateur, se passe en avril 2016 et s'articule autour des mésaventures de Robert Sternwall (Richard Sammel), un journaliste de guerre allemand doublé d'un photographe talentueux qui travaille pour le Berlin Post. Quand il a vent de la reprise des opérations militaires dans le Haut-Karabagh, il quitte son pays pour aller couvrir le conflit. Au fil de ses enquêtes, Robert rencontre la chanteuse d’opéra Sophia Marti (Tatiana Spivakova), qui est la fille d'Edgar Martirosyan, un homme qu’il a abandonné et laissé en captivité en 1992. Tandis que leur histoire d’amour s'épanouit, la mauvaise conscience de Robert l’engloutit petit à petit et il doit affronter la vérité des actes qu'il a commis dans le passé. Pendant ce temps, son rédacteur en chef le charge de préparer une grande exposition célébrant son travail de journaliste photographique qui va se tenir à Berlin très bientôt.
L’aspect le plus frappant du travail d'Avetisyan’ est certainement la profondeur psychologique de ses personnages principaux, en particulier Robert et Sophia. Robert est un vétéran dans son domaine, incapable de trouver le bon équilibre entre son travail et sa vie privée, extrêmement têtu et doté d'une personnalité complexe ; de son côté, Sophia est montrée dans toute sa fragilité et semble se fier au pouvoir guérisseur de la musique. Leur histoire d’amour est mise en scène sans fard, telle quelle, mais toujours avec un niveau adéquat et crédible de tendresse et de passion. De manière plus générale, les personnages principaux, bien écrits, sont portés par des interprétations solides, avec de bons acteurs dans les rôles secondaires également – il convient à cet égard de mentionner les interprétations de Sos Janibekyan (qui joue un journaliste local qui accompagne Robert dans son enquête), Leonardas Pobedonoscevas (le partenaire de Sophia) et Benedict Freitag (le rédacteur en chef de Robert), dont les apparitions, brèves mais incisives, contribuent à nous faire connaître des éléments de l'histoire des deux personnages centraux avant qu'on les rencontre. La résolution de l’intrigue est convaincante et emplie de la juste dose de mélancolie et de poésie. Tout au long du film, la guerre est présente mais elle reste en toile de fond, comme une sorte de catalyseur capable de bousculer la stabilité de tous les personnages et de réveiller leurs tourments les plus intimes.
La narration et la profondeur psychologique intense de ce drame sont encore accentuées par la musique poignante composée par l’Italien Michele Josia et la photographie de très belle facture du Lituanien Rytis Kurkulis, qui souligne superbement le contraste omniprésent entre les terres arides du Haut-Karabagh ravagé par la guerre et les scènes magnifiques, plus chaleureuses, qui se passent dans des environnements urbains et ruraux, où l'on peut encore vivre de précieux moments de normalité (et d’amour).
Gate to Heaven a été produit par Fish eye Art Cultural Foundation (Arménie), Artbox Production House (Lituanie), 7 Morgen Filmproduktion (Allemagne), Glaam Media Invest (France), ARTsakh Arts and Cultural Foundation (États-Unis), Timeless Production Group (Bulgarie), The Lab – a Media Production Company (République tchèque) et Ala Bianca SRL (Italie). Les ventes internationales du film sont assurées par la société parisienne MPM Premium.
(Traduit de l'anglais)
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