email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2021 Compétition

Critique : I'm Your Man

par 

- BERLINALE 2021 : Dans ce film exquis tout en étant étonnamment complexe, Maria Schrader montre que l’accord parfait existe bel et bien

Critique : I'm Your Man
Dan Stevens et Maren Eggert dans I'm Your Man

Si son titre est apparemment inspiré d’une chanson de Leonard Cohen, le formidable I’m Your Man [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Maria Schrader
fiche film
]
de Maria Schrader, en compétition à la Berlinale, les rapprochements s'arrêtent pas là : la promesse de faire "tout ce que tu me demandes de faire" vaut ici aussi, ce sera juste à Dan Stevens de s’en acquitter. Sur une période de trois mois, très précisément : c'est en effet le délai qui a été établi pour qu'Alma (Maren Eggert), chercheuse près le Musée de Pergame à Berlin, une femme avec les pieds sur terre, teste ce service. La chose peut sembler de mauvais goût, dite comme ça, mais il convient de préciser que Tom est un robot humanoïde, taillé sur mesure pour répondre à chacun de ses besoins.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Enfin, c'est l'idée, car étant programmé pour savoir ce dont 93 % des femmes allemandes rêvent, Tom va avoir besoin de réajuster son algorithme, et vite. Franchement, rien ne marche avec ce robot, qu'il tente de comparer les yeux d'Alma à des lacs ou lui prépare un bain moussant avec des pétales de rose, du champagne et des fraises. C’est d'ailleurs hilarant de voir à quel point ces gestes dits "romantiques" semblent soudain vides, et savoir que c'est ce que tout le monde veut n’aide en rien. Alma a peut-être du mal à exprimer ses vrais désirs, en premier lieu vis-à-vis d'elle-même, mais elle sait ce qu’elle ne veut pas : elle ne veut pas de petits-déjeuners sophistiqués, ni qu'on range ses livres par couleur sur ses étagères. Pas étonnant que Tom se retrouve à faire les vitres pour défouler sa frustration. Au moins, on ne le critiquera pas pour ça dans cette maison.

Si tant est que la frustration (ou tout autre sentiment) soit quelque chose qu’il peut vraiment ressentir... Leur première présentation, dans un rade étrange à mi-chemin entre le Blue Oyster de Police Academy et le speakeasy, est gâché par des tas de petits défauts techniques – quoiqu'ils soient "rares avec ce modèle", lui dit-on. Mais une fois que Tom est dans sa maison, on oublie aisément qu'il s'agit d'un test avec une date limite établie à l'avance. Il n’a certainement pas l’air d’un robot, plus d’un beau mâle dans le style Downton Abbey [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, et sa raideur d’ensemble mise à part, il ne se conduit pas non plus comme un robot, sauf peut-être quand il tente le genre de regard yeux dans les yeux intense qui pourrait hanter vos rêves pour toujours ou qu'il fait montre d’une capacité surhumaine à déterminer immédiatement si un objet peut rentrer dans une voiture. Au-delà de ça, c'est un incompétent achevé, incapable de comprendre les besoins d'une seule experte chargée de l'essayer et par dessus le marché de voir l'intérêt des compilations "epic fail" sur internet. Mais il essaie et ressaie, parce qu'il a une mission claire, et que s'il réussit, Alma pourrait valider la fabrication d'autres robots dans son genre, qui deviendraient ainsi des éléments acceptés et légalement reconnus de la société.

Ce film donne pas mal matière à réfléchir - même s'il est tellement divertissant que ça pourrait presque sembler sans importance. En effet, si on pouvait vraiment concevoir ce type de partenaire parfait, sans aucuns défauts, offrant des prestations personnalisées imbattables, alors pourquoi apprendre à composer avec (ou dans le meilleur des cas à ignorer) les traits agaçants de quelqu’un d'autre ? Est-ce important finalement, qui ou ce qui vous rend heureuse, tant que ça marche ? Alma a vécu le deuil, mais ici, le ton est plutôt optimiste, surtout pour les robots. Un sentiment de mélancolie se dégage cependant de l'ensemble dont on a du mal à se défaire, et Schrader, bien soutenue par ses fantastiques acteurs, parvient à tout rendre tellement ambigu qu'on en salive. Si le sens de la vie, comme Tom le récite platement lors de son premier rendez-vous désastreux avec Alma, c'est de "faire de la Terre un monde meilleur", peut-être qu’un compagnon comme celui-là peut vraiment améliorer de manière significative la vie des gens, si remplie de solitude... Une fois qu'on a oublié que tout est fondé sur la réaction des gens et des scanners de leurs cerveaux, bien sûr. Et une fois qu’on aura compris comment ajuster les techniques de flirt.

I'm Your Man a été produit par la société allemande Letterbox Filmproduktion. Les ventes internationales du film sont gérées par Beta Cinema.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy