email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2021 Compétition

Critique : Mr Bachmann and His Class

par 

- BERLINALE 2021 : Ce documentaire incroyablement chaleureux et astucieux par Maria Speth, sur un enseignant en sixième, mérite toutes les louanges qu’on lui réservera

Critique : Mr Bachmann and His Class

Bouge de là, Dangerous Minds, avec ta Michelle Pfeiffer plus-cool-tu-meurs, car Dieter Bachmann est dans la classe. Le documentaire Mr Bachmann and His Class [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Maria Speth, qui s'étale sur plus de 200 minutes d'une façon qui rendrait fier Lav Diaz, présenté en compétition à Berlin, est une très bonne surprise. C’est un récit humain ravissant sur un enseignant en sixième. Il porte un bonnet stylé, un T-shirt AC/DC et joue de la guitare à fond, mais ce qui est le plus cool chez lui n'a rien à voir avec la mode : tout est dans la manière dont il aborde son métier.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

La durée prolongée du film fonctionne très bien et offre une chance unique de vraiment apprendre à connaître sur un groupe d’enfants de 13 ans qui sont soit de nouveaux arrivants dans la ville provinciale allemande de Stadtallendorf, soit des gamins arrivés quand ils étaient petits. Ils viennent de Turquie, de Bulgarie, de Russie, du Maroc et d’autres pays ; ils sont athées, musulmans, catholiques et orthodoxes… De commun, ils ont tout et ils n'ont rien. Herr Bachmann est de son côté extrêmement peu orthodoxe, et c’est aussi un parent par procuration pour ses enfants. Il leur enseigne à se respecter les uns les autres, à exprimer leurs opinions et à comprendre leurs sentiments, le tout dans une ambiance de discipline qui, loin de les étouffer, donne aux élèves un sentiment d'être en sécurité et d’avoir de saines limites.

Bachmann leur fait cours afin de leur offrir un futur meilleur, mais il n'oublie pas de leur conter toute l’histoire de la région et de ses relations avec les étrangers : pendant la Seconde Guerre mondiale, beaucoup ont été arrachés à leurs pays d’origine et réduits aux travaux forcés ; dans les années 1960, l’économie allemande s'est fortement appuyée sur le travail de ceux qu'on appelait les Gastarbeiter (les “travailleurs invités"), qui venaient principalement de Turquie. L’identité nationale et la citoyenneté ne sont pas censées être des notions immuables : elles peuvent résulter d'un choix, le plus souvent très difficile. Ces choses ne sont pas non plus un acte mais un processus, ce que le documentaire de Speth transmet très bien.

La caméra de Reinhold Vorschneider observe patiemment les cours, mais elle plonge aussi dans la vie privée de Dieter Bachmann, qui est loin d’être toute rose. On n’en dira pas beaucoup plus sur le style de film, qui pourrait être décrit comme patient et discret. Le réalisateur n’a pas besoin de chercher des tournants ou des découvertes sensationnelles, choses que de nombreux documentaristes sont tentés d'utiliser voire de mettre en scène artificiellement.

Tandis que Mr Bachmann and His Class approche lentement de sa conclusion, au moment où les enfants auront fini leur éducation élémentaire et où l'enseignant prendra sa retraite, un sentiment double, fait de réconfort et de tristesse, s'insinue en vous. Les enfants quittent le nid tandis que le professeur reste assis seul dans la classe vide.

Mr Bachmann and His Class a été produit par Madonnen Film. Les droits du film à l'international sont gérés par Films Boutique.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy