email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2023 Compétition

Critique : Les feuilles mortes

par 

- CANNES 2023 : Un chien et quelques chansons mélancoliques auront suffi à faire du dernier Aki Kaurismäki le film qui a le plus réjoui le public cannois

Critique : Les feuilles mortes
Alma Pöysti dans Les feuilles mortes

Pour ce qui est de rendre le spectateur mélancolique et triste, et quasi saoul après toutes ces pintes de bière éventée, on peut toujours compter sur Aki Kaurismäki... pour se rendre compte à la toute fin du film que l'histoire qu'il raconte remonte en fait bien le moral. Rares sont les autres cinéastes qui arrivent à faire ça et franchement, peut-être vaut-il mieux qu’ils n'essaient même pas.

Les Feuilles mortes [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, qu'il a présenté en compétition à Cannes, raconte avec beaucoup de douceur une petite histoire d’amour, une histoire d’amour que le monde ne remarquerait même pas, mais qui change quand même des vies à jamais. Le duo concerné (Alma Pöysti, de Tove [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Zaida Bergroth
fiche film
]
, et Jussi Vatanen) ne le sait peut-être pas encore, ou peut-être que si, mais bien que l'univers conspire pour leur compliquer les choses, comme dans la comédie romantique Un amour à New York avec John Cusack, entre les numéros de téléphone qui se perdent et autres accidents qui surviennent à tous les tournants, nos personnages n’abandonnent jamais. Non qu'ils soient naïfs (ils ont déjà tout vu, et la vie n’a pas toujours été clémente avec eux), mais de les voir continuer d'essayer, encore et encore, vous brise vraiment le cœur, au sens le plus adorable du terme.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Est-ce le meilleur film qu'ait jamais fait Kaurismäki ? Probablement pas. Il y a des moments qui font l’effet d’être un peu vides ici, ou un peu trop artificiels, comme s’il s’agissait d’une grande fête qui aurait pour thème le cinéma de Kaurismäki et où se retrouverait la moitié de l’industrie du film finlandaise. Non, vraiment, on pourrait inventer un jeu à boire autour de ce film, où apparaît Juho Kuosmanen, le réalisateur de Compartiment N°6 [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Juho Kuosmanen
fiche film
]
, les deux personnages principaux du Kaurismäki précédent, L'Autre Côté de l'espoi [+lire aussi :
critique
bande-annonce
Q&A : Aki Kaurismäki
fiche film
]
r, des producteurs et gens des festivals locaux, qui livrent tous leur version de ce style unique qui est celui du cinéaste finlandais, généralement tout en sirotant quelque chose. Sauf que très vite, fini de badiner, et on revient à la réalité, et quand cela se produit, c'est vraiment charmant.

Charmant et, encore une fois, tellement triste. On est dans un monde de petits boulots précaires et d’alcoolisme, de nuits glacées et d'une solitude qu'on soigne, puisqu'on est en Finlande, à coups de karaoké et de gnôle. On dirait qu’on est dans les années 1960 parfois, et les jupes rétro de Pöysti ne le démentent pas, mais tout ce qu’on peut entendre à la radio, c'est l'actualité de la guerre d’Ukraine. C’est comme si la réalité contemporaine essayait d'envahir le petit univers de Kaurismäki, et qu'à un moment, il finissait par céder. Ses personnages aussi ont besoin de faire face à ce qui est autour d'eux, d’arrêter de courir et d’adopter un chien abandonné. C’est comme ça qu’on trouve le bonheur, les amis !

Le réalisateur finlandais ne change pas ici qui il est, ce qui fait que tout le monde obtient ce pourquoi il est venu : les répliques-choc ("Les vrais durs ne chantent pas"), les gens "qui dépriment parce qu’ils boivent et boivent parce qu’ils dépriment" et des références cinématographique en pagaille, empilées les unes sur les autres. Il y a un moment où ces aspirants-amoureux gentils et timides vont voir le film de zombies The Dead Don’t Die [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
de Jim Jarmusch, qui avait fait l’ouverture de Cannes en 2019, et où un spectateur le compare après la séance au Journal d'un curé de compagne de Bresson. À en juger les premières réactions à la projection de presse, c’est exactement ce que tout le monde avait envie de voir après une semaine de films trop long et boursouflés : quelque chose de simple, d'astucieux, de tellement facile à aimer.

Les Feuilles mortes a été produit par Sputnik Oy et Bufo Oy en Finlande, avec la société allemande Pandora Filmproduktion. Les ventes internationales du film sont assurées par The Match Factory

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy