14/07/2021 - CANNES 2021 : Noémie Merlant passe pour la première fois derrière la caméra avec un film plein de charme sur un coup de foudre et un passage totalement imprévu par-delà les frontières des préjugés

"Ce soir, vous serez belles comme des gitanes, pas comme des Françaises". Rien ne devait se passer ainsi pour les quatre amies parisiennes en virée estivale en Roumanie afin de fêter l’enterrement de vie de jeune fille de l’une d’entre elles, promise au mariage un mois plus tard. Mais une voiture volée avec toutes leurs affaires et leurs passeports livre le quatuor à l’inconnu, au milieu de nulle part, avec une famille rom comme unique bouée de sauvetage et un beau gosse à la source d’émotions totalement imprévues. Tel est le point de départ de Mi iubita mon amour [+lire aussi :
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fiche film] de Noémie Merlant, un film léger et sans prétention, mais gracieux et libre, présenté en séance spéciale de la Sélection Officielle du 74e Festival de Cannes, le premier long de réalisatrice pour l’actrice (bien connue notamment pour Portrait de la jeune fille en feu [+lire aussi :
critique
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interview : Céline Sciamma
fiche film]) qui figure également en tête d’affiche.

"Elles ont une assurance, de toutes façons, ça ne va rien changer à leur vie". Pour Nino, 17 ans (Gimi-Nicolae Covaci) et son petit frère de 11 ans, qui habitent à Paris, mais qui reviennent régulièrement en Roumanie (en pleine campagne isolée, dans la modeste maison bâtie par leur père qui ne cesse de faire des extensions), la rencontre en pleine nuit, en bordure d’une petite station service, avec nos quatre Françaises (qui sont au milieu de la vingtaine) en goguette (et en pause pique-nique) n’est peut-être pas totalement un hasard, puisque c’est au moment même où ils engagent la conversation que la voiture des filles est subtilisée.

Complètement prises au dépourvu et un peu en panique, Jeanne (Noémie Merlant), la Moldave d’origine Katia (Sanda Codreanu), Lola (Clara Lama-Schmit) et Helena (Alexia Lefaix), n’ont pas d’autre choix que d’accepter l’hospitalité proposée (la mère de famille étant néanmoins assez mécontente de ce débarquement inattendu) et s’entassent à quatre dans une pièce, dormant à même le sol. Mais le lendemain et les jours qui suivront (on attend des nouvelles de la voiture et aussi l’arrivée quelques jours plus tard du fiancée de Jeanne), tous apprendront à mieux se connaître par-delà les peurs et les préjugés (Nino, son frère et son père vivent dans la rue à Paris et y font les poubelles pour revendre tout ce qu’il y trouvent - "vous gaspilliez trop !"), à s’amuser, à danser, à chanter, mais surtout à s’aimer car entre Jeanne l’actrice de 27 ans et Nino, c’est un véritable coup de foudre qui se produit… Mais avec quelles conséquences ? Car si les sentiments sont limpides, l’arrière-plan l’est-il tout autant ?

Sous sa surface de petite production improvisée et d’ode à la liberté autour de sa très sympathique bande de filles et de la culture rom, Mi iubita mon amour travaille assez finement les contrastes et nombre de questions sur le passage de l’autre côté du miroir (la xénophobie, les préjugés, la pauvreté, la neutralité, les fantômes, les racines, etc.). Installant son film dans le temps suspendu de l’attente, la néo-cinéaste laisse progressivement le charme opérer et signe une très jolie histoire d’amour (d’une belle sensualité de regards et de fraicheur de la jeunesse), à la fois possible et impossible, au croisement des existences.

Produit par Nord-Ouest Films, Mi iubita mon amour est vendu par Films Boutique.