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FANTASIA 2021

Critique : Kratt

par 

- Dans ce film familial bien sanglant, Rasmus Merivoo réalise le pire cauchemar de tout accro au boulot

Critique : Kratt

Quelque chose d’intéressant se trame en ce moment en Estonie. On y trouve de délicieuses bizarreries, comme Old Man – The Movie [+lire aussi :
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, où font irruption en tous sens les vaches les plus flatulentes qui soient, de mémoire humaine récente. Kratt [+lire aussi :
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de Rasmus Merivoo, présentement au programme du Festival Fantasia, est aussi une drôle de chose : c'est un film familial qui ne manquera pas de faire piailler de joie les petits tandis que leurs parents remueront, gênés, dans leurs sièges, en se demandant pourquoi diable ils sont ne sont pas allés voir le dernier Pixar, au lieu de ce film. La réponse la plus simple à cette question serait qu'ici, au moins, les gens deviennent vraiment des pizzas.

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La créature magique du titre est un être qui avait déjà fait une apparition, mais en plus grasse, dans l’excellent November [+lire aussi :
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de Rainer Sarnet, par exemple. Elle est constituée de tout ce qui se trouve autour d'elle : grosso modo, c'est un appareil électroménager multifonction qui a un peu l'air d’une version bricolée de Chappie. Certes, elle a quelques tendances meurtrières compliquées, c’est vrai, mais celles-ci n'interviennent que quand elle n'a pas assez de choses à faire. Et puis, soyons francs deux secondes : on a tous des gens comme ça dans notre passé... voire chez nous.

Tout commence avec un paysage post-massacre, avec des mouches qui volent partout, presque immédiatement suivies de quelques séances d'étranglement, par dessus le marché. Merivoo décide ensuite de changer radicalement de décor et saute d'un coup au milieu de la tragédie familiale d’un nouveau duo de gamins de la ville arrachés à leur environnement normal pour passer l'été entourés par la nature, sans smartphone, pendant que leurs parents partent en quête de leur moi profond en vomissant leurs tripes sous la supervision rapprochée d’une sorte d'aspirant-gourou. Mais à part quelques glapissements initiaux sur l'absence de connection internet et tous les "followers" qui vont se sentir abandonnés, il s'avère que ces gamins ne sont pas si détestables que ça : très vite, ils imaginent un plan qui devrait permettre à leur grand-mère, qui a des soucis, de juste se concentrer sur le fait d’"être vieille". Et si de temps en temps, lesdits gamins peuvent échapper à quelques corvées quotidiennes, surtout celles qui sentent mauvais, pour se gaver de pancakes, eh bien tant pis. Bon, OK, peut-être qu’ils sont bel et bien détestables.

Un vieux livre mystérieux plus tard (librement traduit par un adulte pompette), le fameux Kratt est déjà en train de pétrir de la pâte à pain, et c'est la zizanie dans tout le village. Ce que Merivoo rappelle à notre mémoire ici, c'est ce que Jalmari Helander a tenté de faire dans un quartier finlandais il y a un certain temps maintenant, dans Rare Exports: A Christmas Tale [+lire aussi :
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, prenant également à bras-le-corps la mythologie spécifique de son pays pour lui donner un tour nouveau, bien sombre. Ses efforts sont un peu plus inégaux ici, avec des interprétations qui ne sont pas tout à fait au point et des sous-intrigues un peu trop longues (liées à des histoires de bureaucratie et à l'engouement déconcertant de la part de certains hommes pour l'activité de couper des arbres), mais rien ne vaut des bestioles en colère coiffées façon Limahl qui demandent à grands cris du travail, encore et encore, et qui sont prêtes à en découdre avec un... prêtre local (qui d'autre ?). Et si certains ne sont toujours pas convaincus qu'on a bien affaire ici à un film qui convient aux enfants, voici le bonus suprême : il pourrait vraiment leur faire détester les pizzas. Pour de bon.

Kratt a été scénarisé par Rasmus Merivoo et produit par la société estonienne Tallifornia.

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(Traduit de l'anglais)

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