Les intermittents à l’offensive
par Fabien Lemercier
Actions commando dans les salles, dans les institutions et au petit écran. Après l’annulation de tous les festivals estivaux, le mouvement des intermittents français du spectacle ne désarme pas et se lance dans des opérations médiatiques spectaculaires afin de protester contre la modification de son régime statutaire qui doit entrer en vigueur début 2004. Après l’occupation en septembre d’un hôtel particulier parisien vide appartenant à Gérard Depardieu, puis du Centre National de la Cinématographie, les intermittents sont partis la semaine dernière à l’assaut des grands complexes cinématographiques et des émissions phares de la télévision française.
Actuellement, le cinéma, l’audiovisuel et la radio emploient 30 000 intermittents du spectacle (sur 100 000 au total). Et il est de notoriété publique que de nombreuses sociétés de production abusent du système en employant quasiment à l’année des intermittents techniciens, chargés de production et réalisateurs, et en les maintenant néanmoins du côté du régime de l’intermittence (aux frais de l’Etat). Des pratiques pour lesquelles l’audiovisuel public est en train de faire le ménage, à la demande du ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, mais qui restent monnaie courante dans le privé qui alimente tous les programmes de la télévision française. Une situation qu’entendent dénoncer les intermittents qui y voient la source principale du déséquilibre de leur régime financier spécifique.
Mercredi 15 octobre, des groupes d'intermittents du spectacle ont occupé plusieurs multiplexes parisiens, dont le MK2 Bibliothèque et l'UGC-Bercy en bloquant les caisses avec du ruban adhésif et en laissant entrer gratuitement les spectateurs pendant les deux séances de la matinée. Et samedi 18 octobre, la soirée a été particulièrement agitée dans les studios d’enregistrement de l’émission vedette de TF1 (produite par Endemol), Star Academy, (6 millions de téléspectateurs) puisque l’irruption en direct des intermittents qui souhaitaient lire un texte à l’antenne a dégénéré en réactions violentes des vigiles et de la police (bilan : six blessés, quatre interpellations) avec interruption du programme à la clé. Bref, une radicalisation des deux parties semble en marche dans un conflit (qui s’est aussi déplacé sur le terrain juridique) que le gouvernement estime réglé sur le papier, mais qui apparemment ne l’est pas dans l’esprit de bon nombre d’intermittents qui sont la main d’œuvre de tous les tournages de la production cinématographique et audiovisuel française. Suite au prochain épisode.
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