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KARLOVY VARY 2021 Compétition

Critique : Le Prince

par 

- Dans son premier long-métrage, Lisa Bierwirth met en scène un choc culturel romantique à Francfort

Critique : Le Prince

Il y a dans Le Prince [+lire aussi :
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, une fabuleuse rencontre coup de cœur, dans laquelle une commissaire d’exposition fait la connaissance d’un immigrant congolais derrière les poubelles d’un bar clandestin à Frankfort. C’est le début d’une idylle qui va le voir mettre à mal la vision de femme blanche qu’elle a du monde libéral. De son côté, elle va titiller sa conviction à lui selon laquelle ce n’est qu’en contournant les règles qu’il réussira dans la vie. Le Prince est actuellement en lice pour le Globe de cristal au Festival international de Karlovy Vary.

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Le premier long-métrage de Lisa Bierwirth, ancienne assistante artistique et conseillère dramaturgique de Valeska Grisebach sur le célèbre Western [+lire aussi :
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, est produit par la société de Maren Ade, Komplizen Film. Le film, tout comme ces réalisateurs reconnus, sont curieux de savoir ce qui arrive à une femme libérale blanche quand elle tombe amoureuse ou qu’elle affronte des hommes ayant une vision du monde différente de la sienne.

Le Prince est raconté du point de vue de Monika, la quarantaine, interprétée avec charme et délicatesse par Ursula Strauss (Fly Away Home [+lire aussi :
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, Place of Shelter). Elle traverse un moment difficile : son patron a pris un autre boulot sans le lui dire, et elle doit se trouver un nouveau poste, ce qui ne va pas être facile, son honnêteté lui ayant valu de ne pas se faire que des amis dans le milieu de l’art. C’est le soir où elle apprend tout cela qu’elle se retrouve dans un bar clandestin à la recherche de cigarettes. Elle est en train de fumer à l’arrière du bar lorsque la police fait une descente. Dans une tentative désespérée de lui éviter de se faire prendre, Joseph la pousse derrière des poubelles. Passi Balende, un artiste de hip-hop qui a collaboré à la bande originale du film La Haine de Mathieu Kassovitz, a ici son premier grand rôle dans lequel il présente Joseph comme un volcan. La plupart du temps, l’homme est calme et inoffensif, mais la menace qu’il explose de manière inattendue est toujours là.

Révélant à quoi ressemble la vie de la plupart de ceux qui travaillent dans l’univers de l’art, Monika vit dans un appartement plutôt ordinaire, où Joseph commence à passer beaucoup de temps. Ce dernier a lui aussi son lot de problèmes, car il souhaite monter une entreprise de vente de diamants, mais sans papiers, il n'a aucun moyen officiel d’y parvenir. Il est prisonnier d’un cauchemar administratif kafkaïen. On marche et on parle beaucoup dans le film, ce qui peut parfois sembler répétitif et décousu, mais lorsque les personnages se posent autour d’un diner avec des conservateurs d’art, qu’ils boivent un verre avec les sans-papiers ou qu’ils rencontrent les fonctionnaires du coin, le film explose. Joseph a un avis tranché sur les libéraux blancs qui commentent des endroits qu’ils ne connaissent pas, mais également sur le fait que la seule option qui s’offre à lui est souvent la fraude. Monika, l’Occidentale, est capable de s’intégrer plus facilement dans ces différents univers et de venir à bout des obstacles administratifs mis sur la route de Joseph. Les personnages sont bien observés et dépeints avec bienveillance, ce qui compense largement une intrigue un peu confuse.

Le casse-tête majeur survient lorsque Monika doit trouver quelques milliers d’euros pour sortir Joseph d’un mauvais pas. Ses amis s’inquiètent pour elle. Est-ce qu’elle est en train de se faire berner ? Bierwrirth joue avec les préjugés inconscients du public jusqu’à la fin, qui est énigmatique. En dépit d’un rythme inégal, Le Prince est un film qui donne à réfléchir et utilise le postulat selon lequel l’art est une représentation qui permet de jouer et d’écorcher les archétypes.

Le Prince est une production de Komplizen Film, coproduite par ZDF – Das kleine Fernsehspiel, avec le soutien du délégué du Gouvernement fédéral allemand pour la culture et les médias, HessenFilm und Medien, du German Federal Film Board, du German Federal Film Fund et de Medienboard Berlin-Brandenburg.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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