email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BRIFF 2021

Critique : Lucie perd son cheval

par 

- Claude Schmitz offre un conte onirique, ode à la vie théâtrale, déambulation libre dans la psyché d’une actrice à la veille d’un nouveau rôle

Critique : Lucie perd son cheval
Lucie Debay dans Lucie perd son cheval

Remarqué avec ses moyens métrages au style affirmé (Rien sauf l’été, Braquer Poitiers, Prix Jean Vigo 2019), Claude Schmitz passe au long métrage avec Lucie perd son cheval [+lire aussi :
interview : Claude Schmitz
fiche film
]
, sélectionné en Compétition Nationale au Brussels International Film Festival, un objet cinématographique hybride, déclinaison d’une oeuvre théâtrale.

Alors qu’elle s’apprête à quitter sa toute jeune fille pour partir en tournée, Lucie (Lucie Debay) s’interroge sur son métier d’actrice, la place que celui-ci prend dans sa vie, de femme et de mère. Son esprit s’évade dans une chevauchée onirique qui lui fait remettre en perspective ses engagements, et passer de l’autre côté du miroir, accéder aux coulisses du théâtre, lieu magique et vivant même hors des représentations.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Propulsée dans le monde des rêves, Lucie est chevaleresse. Elle chevauche sur la plaine sa monture, quand soudain celle-ci disparait. S’ensuit le début d’une errance qui lui fera croiser le chemin de deux autres chevaleresses, elles aussi en quête de leur monture.

Au bout de leur chemin, une étrange scène, celle d’un théâtre, où l’on retrouve nos trois actrices, endormies (par le confinement peut-on penser), alors qu’elles jouaient le Roi Lear. Atterrir chez Shakespeare, ce n’est pas un hasard. "Nous sommes de l’étoffe dont les rêves sont faits et notre petite vie est entourée de sommeil," écrivait-il dans La Tempête.

"J’étais partie travailler, il ne faut pas perdre le fil," se répète Lucie. Et de fait, le fil du récit serpente au gré des associations d’idées et des rencontres de l’héroïne. Sur la plaine, elle croise les chevaleresses qui répondent à sa soif d’indépendance et d’aventure. Dans les coulisses du théâtre, elle échange avec le metteur en scène, le régisseur, l’apprenti comédien, dans une joyeuse mise en abîme.

Le film se vit comme un rêve, une errance au plus profond de laquelle il est bon de se perdre aux côtés de Lucie, comédienne en plein questionnement, elle-même à la recherche de son cheval… et de sens. Mais finalement, la quête elle-même n’est-elle pas le sens ? Et peut-on vivre sans se raconter d’histoires ?

Lucie perd son cheval s’inscrit dans un double contexte, celui de l’oeuvre cinématographique de Claude Schmitz, et celui de la fermeture des théâtres. Alors qu’il répétait sa nouvelle pièce, Un Royaume, une oeuvre déjà hybride, mêlant performance théâtrale et vidéo, se profile la menace du confinement. Bien malins ceux qui savent si, quand et comment les théâtres seront ouverts.

Finalement, Un Royaume est bien représenté au Théâtre de Liège, du 14 au 18 octobre, mais la tournée est ajournée. Et le projet se décline sous forme cinématographique avec ce long métrage atypique, qui tout à la fois dresse le portrait de son héroïne, et questionne sa pratique.

On retrouve d’ailleurs les accents de vérité déjà palpables dans les moyens métrages de l’auteur. Lucie est incarnée et créée par la comédienne Lucie Debay, c’est son expérience qu’elle partage, sa fille, sa grand-mère, sa vie, et surement, ses interrogations. Cette entame hyper réaliste n’empêche pas le récit de s’égarer avec délectation sur des chemins de traverse. Lucie questionne son statut et son métier, à la fois combat et errance. Le costume, qui fait office de travestissement, permet de prendre du recul, et de laisser libre cours aux pensées et à l’imagination.

Lucie perd son cheval est produit par le Théâtre de Liège (Belgique), où a été montée la pièce originale, et Les Films de l’autre cougar en France, avec le soutien de la RTBF.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy