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VENISE 2021 Orizzonti

Critique : El hoyo en la cerca

par 

- VENISE 2021 : Le deuxième long-métrage du Mexicain Joaquín del Paso vous accueille dans le camp de vacances de l’enfer - même si les conseillers présents sur place vous diraient qu’il est béni

Critique : El hoyo en la cerca
Valeria Lamm (centre) dans El hoyo en la cerca

Quand sur toute la planète dominent des inégalités sociales extrêmes, au cinéma, ce sont les cinéastes mexicains qui traitent le mieux le sujet. C’est peut-être parce que la société mexicaine tend à gonfler encore davantage la disparité qu’on constate partout ailleurs : les riches y sont vraiment beaucoup plus riches et cupides, les pauvres plus désespérés et exclus. Tout un principe majeur de la société post-Guerre Froide (toute la théorie du ruissellement des richesses et l'idée que la mobilité sociale n’est plus un fantasme) est interrogé, sur le ton de l'urgence, par des cinéastes comme Michel Franco et maintenant Joaquín del Paso, dans son nouveau long-métrage The Hole in the Fence [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, qui a fait sa première dans la section compétitive Orizzonti de la Mostra de Venise.

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C’est un film éminemment bien fait, bien conçu et regardable que nous livre Del Paso, avec des interprétations excellentes, fondées sur l'improvisation, de la part de jeunes adolescents qui jouent pour la première fois ("Ne jamais travailler avec des enfants et des animaux" étant un truisme du cinéma que les réalisateurs aiment à prendre comme un défi). C’est peut-être une drôle d’affirmation, à la lumière de la comparaison avec Michel Franco, mais The Hole in the Fence se fait néanmoins un peu de tort par son ton sensationnaliste et les aspects plus vagues de sa véhémente critique de l'éducation religieuse. Quand un film est à la fois politique et incohérent, le premier élément perd de son mordant.

Malgré tout son ancrage dans le réel (le réalisateur a fréquenté dans sa jeunesse un établissement de ce type), The Hole in the Fence ne fait peut-être pas assez confiance à son public pour comprendre à quel point le camp de Los Pinos est flippant que ça démange presque sous la peau sans avoir besoin qu'on lui en présente un tableau qui fait film d’horreur américain. On parle d'un campement catholique situé en pleine campagne qui accueille parfois des rituels autoritaires façon Salò. Par ailleurs, le film ne se concentre sur aucun personnage : l'attention dérive des jeunes garçons, toujours en train de se malmener entre eux, aux conseillers et éducateurs sadiques. Le récit a une structure épisodique, mais le sentiment d’une escalade de la violence est souvent très puissante, malgré tous les autres doutes qu'on peut avoir.

Les participants qui se retrouvent au camp de Los Pinos vont y trouver un terrifiant itinéraire fait de prières puis de grands jeux violents, d’actes d’altruisme égoïstes (une donation de nourriture au village pauvre d'à côté) et de paranoïa. Eduardo (Yubá Ortega), un boursier issu d'un milieu indigène, se fait malmener à un point qui paraît extrême, même de la part de garçons de cet âge-là. Les conseillers du camp, les professeurs Monteros (Enrique Lascuráin) et Stuhr (Jacek Poniedziałek) font faussement croire aux garçons qu'un homme étrange et méchant surveille le campement et la forêt qui le jouxte, alors qu'il s'agit d'un "acteur" qu’ils ont embauché pour instiller chez les jeunes certaines attitudes sociales condamnables. Le fait que ceci soit également un nœud important de l’intrigue du film notoirement idiot The Village de M. Night Shyamalan (2004) suffit à montrer combien la dramaturgie bancale du film de Del Paso émousse sa volonté d'être contondant.

Si The Hole in the Fence n'a rien de faiblard ou de terne, ses particularités qui ne tiennent pas toujours la route quand on s'y attache de plus près. Le film véhicule une conception déterministe de la nature humaine, et cette aura de menace imminente (le sentiment que "ça va mal se passer", comme quand un service de porcelaine fine est posé tout près du rebord de la table) le consume dès ses plans d'ouverture montrant des oiseaux colorés, accompagnés de manière incongrue par des arpèges malsains au synthétiseur. Pour un film dont l'ambition est de proposer un diagnostic de la maladie sociale du Mexique en "pensant d'abord aux enfants", il a un propos sous-jacent qui est que le libre-arbitre et la pensée sont encore possibles dans nos vies d'adultes, et que l'avenir reste encore à écrire – et au diable les expériences déplaisantes vécues pendant l'enfance.

The Hole in the Fence est une coproduction entre le Mexique et la Pologne orchestrée par Cárcava Cine en coproduction avec Amondo Films et Roleplay Agency. Les ventes internationales du film sont gérées par Wild Bunch International.

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(Traduit de l'anglais)

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