email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES Norvège

Critique : Young and Afraid

par 

- Ce documentaire de Petter Aaberg et Sverre Kvamme, première internationale à Nordisk Panorama, pose un regard personnel, cru et éprouvant sur la maladie mentale et toute une jeune génération

Critique : Young and Afraid

Bien qu’il se consacre à la jeunesse d’aujourd’hui, une génération supposée pleine de la vitalité et débordante de joie de vivre, un funeste parfum de mort et de désespoir parcourt le documentaire norvégien Young and Afraid [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, dont le titre même est un rejet du "jeune et intrépide" dont on qualifie souvent l’audace de la jeunesse. Mais, bien que la plus grande partie du film baigne dans l’obscurité, le film s’avère un panégyrique à cette lumière que l’on voit au bout du tunnel.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

En 2017, Petter Aaberg, alors âgé de 24 ans, est arrêté par la police avant de commettre l’irréparable, mettre fin à ses jours. Ce sont les ravages de la dépression et des problèmes non résolus relatifs à sa bisexualité qui ont motivé son acte. Un autre étudiant en cinéma, qui est également son meilleur ami, Sverre Kvamme, propose à Petter de réaliser un film avec lui pour l'aider à ne pas s’égarer. Ils décident de partir explorer le monde à la rencontre de gens qui souffrent. Leur idée étant que parler et communiquer pourraient être un réconfort pour les personnes concernées. Sans autre plan que celui de parcourir Oslo avec une caméra, les deux amis se lancent dans une aventure dans l’espoir de trouver des âmes sœurs et une possible rédemption.

Après des débuts sombres, les premiers moments de Young and Afraid basculent dans l’univers comique alors que nos réalisateurs errent sans buts, essayant de s’incruster dans des soirées pour trouver des sujets. Mais après une brève rencontre avec une myriade d’énergumènes et de participants réticents, ils s’attachent à un certain nombre de personnes avec lesquelles ils se mettent à partager des histoires. Il y a Monica, dont le passé l’a poussée à s’automutiler et Oliver, membre d’un groupe de métal dont la vie se mesure en rails de coke. Il y a également Emma, transsexuelle et lesbienne, qui s’affiche avec fierté, mais éprouve pourtant toujours des sentiments partagés quant à son identité, enfin, Cordelia, qui s’enferme dans la spirale de la drogue.

En discutant avec ces personnages, Petter commence à reconnaître ses propres problèmes et se sent moins isolé. En cours de tournage Petter s’engage dans une nouvelle relation amoureuse, et commence à se sentir mieux. Mais la route est encore semée d’embûches pour les personnes concernées.

Les personnes dont il est question ici font preuve d’une honnêteté sans faille. Après que Petter ait rencontré Myriam, leur vie sexuelle est examinée à la loupe, rien ne nous échappe. Oliver et Cordelia sont deux gros consommateurs de drogues. Celle-ci fait une overdose. L’intervention de l’ambulance qui s’ensuit constitue une scène de désespoir et de peur. En temps normal, tout cela s’apparenterait à du voyeurisme. Pourtant la personnalité d’Aaberg est si attachante, avec ce mélange de naïveté, de désespoir et ce sentiment d’espoir, que toute idée d’exploitation est balayée d’un revers de la main. Avec son côté un peu brut et mal dégrossi (les mécanismes de la réalisation d'un documentaire sont mis à nu tout au long du film), Young and Afraid a des airs de séance de thérapie pour tous ceux impliqués, et on pourrait le croire, pour certains spectateurs aussi.

Si le film aborde ouvertement les problèmes de santé mentale de Petter et de ses acolytes, le film évoque aussi la question relative à l’éthique de la réalisation de documentaire et des limites de l'implication de chacun. Pendant que Kvamme reste en retrait la plus grande partie du film, il y a de nombreux moments où il est mis face à la dure réalité à laquelle un grand nombre de ses personnages, sans oublier son meilleur ami, sont confrontés.

Après avoir remporté le Prix du public à Haugesund, et une mention spéciale du jury au Nordisk Panorama après son avant-première internationale, le film devrait poursuivre sur sa lancée dans les mois à venir. Si le succès national et nordique en matière de festivals et de VOD semble assuré, l'intérêt international s'annonce également prometteur.

Le film est une production de la société norvégienne Indie Film.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy