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DOK LEIPZIG 2021

Critique : Time Before Land

par 

- Dans ce documentaire qui a le même point de départ que l’histoire de sa famille, la Silésie, Juliane Henrich réévalue ce que pourrait vraiment impliquer la généalogie

Critique : Time Before Land

Avec Time Before Land, l’alter ego de la réalisatrice Juliane Henrich, interprétée par l’écrivaine Nannina Matz, se lance dans un voyage afin d’en connaître davantage sur l’histoire de sa famille. Son périple se déroule dans un village polonais de la région de la Silésie, qui abritait autrefois un parent éloigné. Le film de Henrich n’est pas un portrait de famille standard, mais sert davantage à une réévaluation de ce que la généalogie peut impliquer lorsqu’elle est poussée à ses limites. Cette aventure devient une réalisation réconfortante de la façon dont notre présence laissera des traces pour des yeux futurs. Le film a célébré sa première internationale au 64e DOK Leipzig, dans la Compétition Allemande.

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Le film commence avec des plans rapprochés sur un doigt indiquant avec conviction certaines personnes sur une vieille photo, comme pour dire que ce sont bien eux que nous recherchons. Intrigués par la question de leur identité, nous passons alors à un chantier de fouilles, où des paléontologues taillent soigneusement des roches à la recherche de fossiles. La narration hors champ explique que les fossiles se forment seulement s’ils ont reposé dans l’eau, et que l’eau a aussi pu les déplacer de leur position d’origine. Il semble que les choses ont tendance à se déplacer à travers l’histoire, et c’est un sujet aulequel Henrich ne cesse de retourner au cours du film, alors qu’elle se rapproche de l’histoire de sa famille. Progressivement, on apprend que la Silésie est désormais en Pologne, mais qu’elle s’est déplacée pendant les guerres. Notre protagoniste parle à des personnes d’origine allemande ou polonaise qui, après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, furent contraintes de quitter leurs foyers. Elle nous raconte des récits explicites d’officiers nazis, avec lesquels elle soupçonne son grand-père d’avoir sympathisé. Cet endroit semble être un carrefour pour plusieurs histoires différentes, formant lentement des couches superposées au fil du temps. Et bien que sa recherche ait un but précis, ses découvertes s’étendent de plus en plus loin.

Matz enquête et observe, jusqu’à tenter littéralement de ne faire qu’une avec l'environnement lorsqu’elle essaye d'insérer ses pieds dans les fissures d’un vieux béton. Veut-elle être elle-même un fossile ? Le fait qu’elle porte des Converse All Stars enrichie le contraste entre l’échelle de la vie humaine et celle de la planète Terre. Là, elle se tourne vers un espace où le temps semble être élastique. Elle rencontre des dinosaures, des fossiles et des expositions sur les hommes Néandertaliens. Elle conclut que toutes ces choses sont des traces pertinentes, et connecte de façon convaincante son arbre de famille à une page qui semble provenir d’une encyclopédie sur les dinosaures.

Nous réalisons petit à petit que comme les fossiles, aucune des traces qu’elle a découvert ont en réalité leurs origines ici. Ceci est d’une certaine façon paralysant, puisque cette perspective rend sa recherche presque insignifiante. Nous l’entendons dire que “l’humanité sera extincte de toute façon,” devenant rien de plus que quelques traces additionnelles dans les couches de la Terre. Assise dans un marché local, regardant des enfants qui achètent des dinosaures en plastique, on peut la voir penser aux paléontologues du future qui sortiront ces figurines du sol. Nous sommes confrontés au caractère précipité de notre existence, et bien que cela puisse nous faire sentir impuissant, cela nous rappelle aussi au moment présent. Sa promenade à travers le village est ouverte et réceptive : elle absorbe tout à un rythme lent, qui nous permet de la rejoindre. Nous voyons des paysages, des monuments, des expositions et des dinosaures, comme portés par un courant régulier, tout en nous demandant où nous finirons nous-mêmes.

Time Before Land a été produit par Thomas Kaske pour KaskeFilm (Allemagne).

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(Traduit de l'anglais)

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