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DOK LEIPZIG 2021

Critique : A Sound of My Own

par 

- Ce documentaire de Rebecca Zehr possède un style très distinctif qui répond bien à la musique de son sujet : Marja Burchard

Critique : A Sound of My Own

A Sound of My Own, de Rebecca Zehr, nous apprend qu’il n’est pas nécessaire de s’écarter de la voie empruntée par ses parents pour être libre. Suivre leurs traces peut être un privilège, selon où cette voie les a menés bien entendu. Après tout, la voie empruntée par le père de Marja Burchard est intéressante, d'où son désir d’évoluer dans le monde de la musique dans l’ombre de ce dernier. Son père n’était autre que Christian Burchard, fondateur du groupe Krautrock Embryo dans les années 60. A Sound of My Own raconte le passage à l’âge adulte de la jeune femme en tant que nouvelle leadeuse du groupe. Le film, présenté en avant-première mondiale lors de la 64e édition du DOK Leipzig (25-31 octobre), a également remporté la Colombe d'or dans la compétition allemande (voir la news).

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Le documentaire de Zehr possède un style particulièrement original qui rappelle l’œuvre expérimentale de Marja Burchard. Nous assistons à des scènes intimes où on la voit gérer l'héritage de son père. Elle trie des tas de vieilles archives et tente de gérer la dimension professionnelle de la vie de musicien. Ce faisant, sa réflexion constante sur la question de marcher ou non dans les pas de son père devient presque tangible. Ces scènes se mêlent à une composition soigneusement orchestrée d’archives du groupe, d’animations aux accents psychédéliques et d’une partition minimaliste et expérimentale très libre. Nous ressentons fortement l'évolution émotionnelle dans la musique, qui joue avec notre perception. 

Le caractère expérimental du son extradiégétique du film est rehaussé par l'approche expérimentale de la musique de Burchard. Dans plusieurs scènes, nous la voyons jouer de toutes sortes d'instruments, comme si elle essayait de déterminer ce qu'elle aime elle-même. Dans une scène, on la voit à côté d'une voie ferrée avec son trombone, imitant le bruit d'une voiture de course lorsqu'un train passe. Dans une autre, elle joue de la musique pour des vaches dans un pré, qui l'écoutent avec beaucoup d'intérêt. Dans l'introduction et tout au long du film, nous voyons des modèles d'un conduit auditif et un doigt qui indique comment le son y pénètre pour être entendu. C'est un peu comme si elle menait une étude sur le fonctionnement de certains sons musicaux lorsqu’ils sont produits. Dans un écran divisé, une femme est debout dans le vent, entourée d’emballages plastiques qui s'agitent autour d'elle. Le son que nous entendons est sans surprise le bruit strident du papier que l’on froisse. Le plan qui suit confirme que c’est bien ce dont il s’agit, on voit une main qui froisse du papier devant un microphone. L'esprit est crédule lorsqu’il est confronté à des stratagèmes de ce genre. Peut-être Burchard se trompe-t-elle aussi elle-même ?

À un moment donné, Marja se prépare pour un spectacle où elle va jouer du vibraphone, comme le faisait souvent son père. On voit la foule autour, floue, dans une ambiance sonore inquiétante faite du rythme lent des tambours et de bruits de craquement. On voit des images d'archives de son père jouant frénétiquement, mais sans le son. Cette absence de synchronisation fait que nous nous sentons décalés lorsque nous revenons dans le "maintenant", ce moment présent où Marja se prépare. Le bruit sourd d'une vague qui arrive s’amplifie et vient percuter le son diégétique de son concert qui bat son plein. Comme si nous étions transportés d'une partie d'elle encore dans le doute, alors qu’elle pense à son père, à un endroit chargé de force et de confiance. Soulagés, nous pouvons maintenant écouter sa merveilleuse performance.

A Sound of My Own est une production allemande de Rebecca Zehr, Katharina Rabl et de la University of Television and Film Munich (HFF).

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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