01/09/2023 - VENISE 2023 : Dans son premier long-métrage, la réalisatrice hollandaise Stefanie Kolk accompagne une jeune femme qui a perdu son enfant dans son singulier travail de deuil

Aleksej Ovsiannikov et Frieda Barnhard dans Milk

Accoucher d’un enfant mort est une contradiction insupportable, et le simple fait d’en entendre les détails cliniques donne des frissons. C’est ce qui se produit dans les premières séquences de Milk [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Stefanie Kolk
fiche film], le premier long-métrage de la réalisatrice-scénariste hollandaise Stefanie Kolk, en compétition aux 20e Giornate degli Autori de la 80e Mostra de Venise. Le personnage central du film est une jeune femme dont le fils est mort in utero, et qui s’apprête à suivre les indications scrupuleusement dispensées par les médecins pour procéder à cet accouchement des plus cruels.

Robin (Frieda Barnhard) a le regard perdu dans le vide, de même que son mari aimant (Aleksej Ovsiannikov). Ils sont hébétés de douleur. Comme prévu, même si l’enfant n’est plus là, Robin commence à avoir des montées de lait, et l’obstétricienne qui l'assiste lui montre comment utiliser un tire-lait, pour soulager sa poitrine jusqu’à ce que la lactation cesse naturellement. Cependant, pour Robin, jeter à chaque fois le lait dans le lavabo devient de plus en plus difficile : elle a l'impression de rompre son lien avec son fils. Elle décide alors de chercher à le donner à d’autres mamans qui en auraient besoin.

Les petites bouteilles de lait maternel commencent ainsi à se multiplier et remplir complètement le frigo du jeune couple, prenant la place des surgelés, jusqu’à rendre nécessaire l'achat d’un autre congélateur. Hélas, un obstacle bureaucratique empêche Robin d'aller au bout de la mission qu'elle s'est fixée. Commencent alors les recherches sur Internet, les prises de contact avec des groupes dédiés au don de lait, les coups de téléphone à des femmes potentiellement intéressées par son lait, malgré l’infection que la jeune femme a eue quelques années plutôt et qui lui interdit légalement de le donner, bien qu’il soit tout à fait sain. Robin ne renonce pas, il est évident qu’elle a besoin de cela (de donner son lait et d’aider d’autres mamans) pour trouver la paix et surmonter son deuil. Dans le même temps, la jeune femme fréquente aussi un groupe de personnes dans son cas qui organise de longues promenades ensemble, en forêt, avec pour consigne de maintenir un silence absolu (les membres du groupe ne se disent littéralement pas un mot), pour un partage de leur souffrance discret et respectueux.

Le silence est précisement la matière qu'utilise Stefanie Kolk pour raconter le deuil de cette mère manquée : sa souffrance est contenue, les mots ne sauraient l’exprimer, son visage à lui seul est éloquent. Être présent, tout simplement, réconforte parfois plus que des paroles. C'est ce que fait aussi le mari de Robin, qui partage la douleur de sa femme en restant un pas toujours derrière elle, et en lui offrant un précieux soutien dans tous les choix qu’elle fait. Les gestes et actes de la vie quotidienne se répètent : tirer le lait, le mettre au congélateur, et puis les promenades avec le groupe de soutien, les visites des parents et amis, le sentiment d'égarement lié au fait de se retrouver à la maison, en congé, sans rien à faire. Parfois, il peut sembler que le rythme du film ralentisse trop, mais pour entrer dans ces connexions humaines faites de regards, il faut du temps et de l’empathie, chose dont la réalisatrice montre qu'elle en a à revendre.

Milk a été produit par Lemming Film (Pays-Bas) en coproduction avec NTR. Les ventes internationales du film sont assurées par la société espagnole Bendita Film Sales.

(Traduit de l'italien)

Galerie de photo 31/08/2023 : Venise 2023 - Milk

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Stefanie Kolk, Frieda Barnhard, Aleksej Ovsiannikov, Jules Elting, Emo Weemhoff, Zineb Fallouk
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