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GÖTEBORG 2022

Critique : Miss Viborg

par 

- Marianne Blicher dévoile un premier long-métrage bien maîtrisé avec le genre d’histoire qui plaît au public : celle d’une amitié improbable entre deux femmes séparées par plusieurs décennies

Critique : Miss Viborg
Ragnhild Kaasgaard et Isabella Møller Hansen dans Miss Viborg

Le premier long-métrage de la réalisatrice danoise Marianne Blicher, Miss Viborg [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Marianne Blicher
fiche film
]
, projeté en première mondiale à Göteborg dans la section Nordic Light, raconte une amitié Improbable d'un genre qui n'aurait pas été possible avant la première décennie du XXIe siècle. Solvej (la comédienne de théâtre Ragnhild Kaasgaard dans son premier rôle pour le cinéma) est une femme de 61 ans bougonne et obèse qui vit dans une cité de la petite ville de Viborg, au Danemark, où elle était avant reine de beauté. En se promenant dans son scooter mobilité réduite avec son chien, qui porte le nom d’un acteur populaire il y a 50 ans, elle vend illégalement les médicaments qu'on lui a prescrits dans l'objectif d'amasser suffisamment d'argent pour s’acheter une résidence à temps partagé à Malaga.

Quand sa voisine de palier, l'adolescente Kate (Isabella Møller Hansen, pour la première fois à l’écran) s'introduit chez elle par le balcon pour lui voler ses pilules (car Solvej "ne vend pas aux gosses"), elle se fait mal à la cheville et fait tomber son téléphone. C’est comme ça que l’héroïne du film va comprendre qui était son cambrioleur mystère. Mais Solvej vit à une autre époque : en lisant "faire glisser pour déverrouiller" sur son écran de portable, elle essaie de pousser son téléphone sur le comptoir de sa cuisine.

Kate et elle finissent par former une alliance où la confiance ne règne pas : la jeune fille dynamique aide sa voisine, qui maintenant a même du mal à utiliser des béquilles, à élargir son marché en échange de 50 % des bénéfices. Là, une fêlure commence à apparaître dans l'armure blindée de notre dame, et dans une scène adorable, elle organise même une petite fête avec gâteau pour le dix-huitième anniversaire de Kate, qui a une relation conflictuelle avec sa mère. De son côté, Kate lui arrange en douce un rendez-vous avec un conducteur de camion, le gentil Preben (Kristian Halken), qui va à son tour conduire (tant qu'à faire) les choses vers un changement inévitable, quand un différend survient entre Kate et Solvej.

Blicher construit son film comme une histoire de collision entre deux mondes, fortement teintée par la nostalgie dans laquelle vit Solvej : le film s’ouvre sur une version danoise de “Everybody Loves Somebody”, chanson qui sert aussi de base au thème principal de la musique du film. Cet univers est en contraste avec le caractère rebelle de notre milléniale (qui est, évidemment, un masque derrière lequel Kate cache son manque de confiance en soi) et avec le morceau de hip-hop qui accompagne un montage musical où on voit nos deux personnages faire leur petit business ensemble.

Le parcours qu'entreprennent Solvej et Kate n'a rien de nouveau : elles vont apprendre à se connaître elles-mêmes et, bien sûr, en sortir grandies. Le spectateur devra aussi adhérer au pacte de crédulité pour accepter l'idée que cette jeune fille de 18 ans peut passer deux jours sans son téléphone sans totalement flipper, mais le ton du film est plus celui d'un conte de fée fantaisiste et moderne que celui d'un récit réaliste.

Cette ambiance vient des couleurs vives (en intérieur ainsi que dans les scènes d'extérieur, inondées de soleil), de l'album photo de Solvej, dont les images en noir et blanc évoquent des temps meilleurs, de la radio du camionneur (grâce à laquelle notre héroïne apprend des choses sur le monde extérieur dans lequel elle n’a jamais osé s’aventurer) et du choix des instruments pour la musique du film (cloches, vibraphone et accordéon).

Quoiqu'un peu trop sentimental, Miss Viborg est un film accompli, bien ajusté aux goûts du public, qui place sur la carte du cinéma Blicher en tant que débutante à la main sûre, ainsi que Hansen, tout à fait remarquable, et Kaasgaard, qui perce ainsi sur le grand écran à un stade déjà avancé de sa carrière. Le film a été coproduit par la société danoise Snowglobe et l’enseigne argentine REI CINE. Ses ventes internationales sont gérées par Totem Films.

(Traduit de l'anglais)

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