email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

MALAGA 2022

Critique : La cima

par 

- Il y a du vrai dans ce que dit le film d’Ibón Cormenzana, mais ses bonnes intentions se perdent dans son obsession pour son message

Critique : La cima

Qu’est-ce qui fait que quelqu’un est capable de mettre sa vie en jeu pour monter sur une montagne ? Quelles sont ses motivations ? Qu’est-ce qui peut amener quelqu’un à vouloir vivre loin du monde, dans la plus complète solitude ? Voici quelques unes des questions que je me pose après avoir vu La cima [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Ibon Cormenzana
fiche film
]
, le nouveau film du réalisateur et producteur basque Ibón Cormenzana, présenté en compétition au Festival de Malaga, dans les salles en Espagne à partir de ce vendredi 25 mars.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

La cima raconte l’histoire de Mateo (Javier Rey) et Ione (Patricia López Arnaiz) pendant le voyage qu'ils entreprennent pour faire l’ascension de l’Annapurna, une des montagnes les plus dangereuses du monde. Ione est une alpiniste expérimentée qui après avoir atteint son objectif (gravir les 14 sommets au monde qui dépassent 8000 mètres), décide de s’isoler dans une maison en pleine montagne, loin de tout contact humain. Mateo, après la mort de sa petite amie, veut arriver à tout prix sur la cime de cette montagne et ce faisant honorer une promesse qu’il lui avait faite. C'est alors qu'ils sont entièrement happés par ces tourments intimes que les deux personnages se rencontrent et vivent une aventure qui va les amener à se confronter aux limites humaines.

Le film de Cormenzana a un bon point de départ : il y a du vrai dans ce qu’il raconte. On note qu’il y a quelque chose de personnel derrière cette histoire de traumatisme et de désir de tout surmonter, non seulement du fait de la difficulté physique et technique du projet (tourné dans des conditions extrêmes), mais aussi par rapport à l’univers émotionnel sous-jacent. Les paysages qui apparaissent dans le film sont impressionnants ; il y a des images réellement admirables, mais ce qui m’intéresse davantage, c’est ce qui va au-delà, ce qui n’est pas si visible, ce qui se produit à l’intérieur de ces personnages pour qu’ils en viennent à agir comme ils le font : leurs combats personnels, leurs fantômes, leurs désirs, leur manière d’être au monde.

Les intentions de Cormenzana sont bonnes : il veut raconter ce monde de sentiments sobrement, en tout minimalisme, en partant d'un espace, deux personnages et une croisée des chemins. À partir de là, la vérité qu’il y a en chaque personnage (ses sentiments, ses émotions, ses attitudes devant la vie) est rendue par le silence, l’ellipse, le non-dit plus que par ce qui est dit (et dans le contexte de ce travail tout en retenue, l’interprétation d'Arnaiz est brillante). Par moments, le film est à la hauteur de cette noble ambition et parvient à raconter ce qu'il y a de plus profond dans la vie et de plus douloureux, il dit ses tristesses et ses joies, de manière voilée. Il y a des images vraiment émouvantes qui en disent beaucoup plus long que tous les mots, comme quand le personnage de Rey disperse depuis le sommet les cendres de l'être aimé. Ces moments parlent de la présence de la mort dans la vie, de la quête d’un destin et du prix de ce destin, de la signification d’aimer, mais quand le réalisateur ou l'acteur principal veulent trop en dire ou se mettre au service du message, là, le film déçoit. Il y a des séquences qui ne se tiennent pas, d'autres qui sont juste belles et d'autres qui sont, et c'est pire, moralisatrices.

La cima comporte des passages réussis, des images qui reflètent les abîmes et mystères des personnages, leurs déchirures, leur désir d’aller de l’avant, mais les bonnes intentions ne suffisent pas. Quand on fait de la fiction, il faut savoir raconter une histoire, avec ses questions non résolues et ses zones d’ombre. Quel dommage qu’Ibon Cormenzana ait trop voulu éclairé ce film intéressant.

La cima est une coproduction entre l’Espagne et la France qui a réuni les efforts d'Arcadia Motion Pictures, Aixerrota Films, Dorothy Films, Noodles Production er Lazona Producciones. Le film est distribué par Filmax, qui s’occupe aussi de ses ventes internationales.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'espagnol)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy