email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES Italie / France

Critique : Le Gaucher

par 

- Cette comédie dramatique de Salvatore Allocca sur le monde du football junior offre de beaux moments, mais s’appuie sur une narration édifiante qui refuse de casser les codes du téléfilm

Critique : Le Gaucher
Francesco Colella et Alessio Parinelli dans Le Gaucher

"Raté" est le mot-clef de la comédie dramatique Mancino naturale [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Salvatore Allocca, qui arrive dans les salles italiennes après un passage dans le volet Alice nella Città de la Fête du Cinéma de Rome, édition 2021. "Il faut quitter cet endroit de ratés", dit Isabella, la maman du jeune héros du film, Paolo, 12 ans (incarné par Alessio Perinelli, pour la première fois à l’écran), à propos du quartier pas franchement résidentiel où ils habitent à Latina. "Raté" est aussi l’insulte lancée par le petit garçon à son voisin, qui lui apprend à sortir de son de sa coquille. Le voisin est scénariste de métier, un détail dans lequel on sent l'ironie autoréférentielle des auteurs du scénario du film, Emiliano Corapi, Massimo De Angelis, Simone Lenzi et Allocca lui-même, qui suggèrent que c'est une profession réservée aux rêveurs.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Paolo est doté du trait fatal auquel fait allusion le titre (mancino signifie gaucher, ndlt.) mais sur le terrain de football, la seule chose qui l'embarrasse est sa maman, sur le côté, toujours à se disputer avec les parents des autres jeunes footballeurs. Cette femme, interprétée par une des actrices les mieux aimées du public italien, Claudia Gerini (Sulla giostra [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
), évolue entre coercition, arrogance et désespoir dans sa tension vers un seul objectif : donner un futur dans le football à son fils, devenir riche, se sortir de cette vie de ratés. Peu lui importe que son enfant soit triste, qu’il ait de mauvaises notes à l’école, qu’il s’isole de ses camarades de classe et qu'il souffre de l’absence de son père, mort d’un infarctus à 40 ans seulement. Elle fait l'effet d'une version déformée du personnage de père fraîchement oscarisé qu'interprète Will Smith dans La Méthode Williams, mais sans les 12 millions de dollars offerts par Reebok. Ici, c’est la maman qui doit payer pour faire entrer son fils dans le monde difficile du football ("métaphore de la vie", dixit Jean-Paul Sartre). Le repéreur de talents Marcello (Massimo Ranieri, récemment dans le rôle "royal" du personnage principal dans Riccardo va all’inferno [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
) a presque "j’embrouille les gens" écrit sur la figure, mais la seule à ne pas le voir, c’est bien Isabella. Il lui propose d'inscrire son fils à un match auquel viendront assister d’importants recruteurs d’équipe de série A, mais il faut pour cela débourser 6000 euros, pour participer et huiler les rouages du recrutement. Isabella se retrouve comme un accro aux jeux de hasard compulsif, prête à tout pour trouver l'argent, et le spectateur, à ce stade, décide que c'est une femme sans scrupules doublée d'une mauvaise mère. Claudia Gerini arrive cependant à insuffler également de la tendresse dans ce personnage de jeune veuve en quête de salut social.

Pour rompre le cercle étroit mi-magique, mi-toxique mère-fils, il y a le voisin scénariste de séries télévisées Fabrizio (joué par l’excellent et toujours ironique Francesco Colella, 3/19 [+lire aussi :
critique
fiche film
]
), à qui on confie la mission de s’occuper du garçon pendant que la mère cherche de l’argent. Fabrizio offre à Paolo quelques perles de sagesse ("la pire chose au monde, c'est de voler une idée à quelqu’un") et lui transmet la passion de l'étude (établissant un lien avec Il campione [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Leonardo D'Agostini
fiche film
]
de Leonardo D’Agostini) et la lecture. Ce lien naissant nous offre les meilleurs moments du film. Ensuite, hélas, l'action se déplace à Vicenza sans que nous soit donnée une vraie impression du territoire où l’histoire se situe, et Mancino naturale entre à ce moment-là dans la zone grise de ce cinéma qui s'adresse à un "public télévisuel" (un gag un peu complaisant se refère à cela dans le film) et s'ancre dans un type de narration édifiant, dédié aux familles en quête de fictions faciles qui n’ont pas envie de casser les codes et se mesurer avec des styles et langages nouveaux.

Mancino naturale est une coproduction italo-française qui a réuni les efforts des sociétés Emma Film et Promenades Films en collaboration avec RAI Cinema, avec la contribution du Ministère de la Culture italien et le soutien du CNC, de Lazio Innova et de la Région Vénétie. Il arrivera dans les salles italiennes à partir du 31 mars avec Adler Entertainment.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy