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ANNECY 2023

Critique : Mars Express

par 

- Jérémie Périn explore avec succès les frontières de la science-fiction et du polar dans un premier long palpitant sur fond d’intelligence artificielle et de colonisation martienne

Critique : Mars Express

"Certains de mes élèves louent leurs cerveaux aux brain farmers, mais s’ils en viennent à se dupliquer, c’est vraiment grave". Bienvenue au début du XXIIIe siècle et dans Mars Express [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Jérémie Périn
fiche film
]
, le très bon premier long métrage du Français Jérémie Périn, dévoilé au Festival de Cannes au programme du Cinéma de la Plage et en compétition officielle cette semaine au 42e Festival du Film d’animation d’Annecy.

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Depuis quelques mois, les progrès fulgurants de l’intelligence artificielle préoccupent beaucoup médias, industriels et politiques. Quant à la colonisation éventuelle d’autres planètes pour exfiltrer les humains d’une Terre en voie d’autodestruction climatique, ce célèbre classique de la science-fiction alimente désormais les fantasmes et les visées technologiques des plus grandes fortunes mondiales. En croisant ces deux sujets et en extrapolant simplement des données scientifiques contemporaines bien établies, Jérémie Périn et son co-scénariste Laurent Sarfati ont façonné un décor et une intrigue futuristes passionnants car finalement tout à fait plausibles. Nous voici donc au cœur de Noctis, une colonie installée sous dôme sur Mars, avec ses réseaux routiers, ses véhicules autonomes, ses transmissions télépathiques et en réalité virtuelle de sons, d’images et de données, ses drogues moléculaires, ses locations de cerveaux, ses langages informatiques Babel+ et Hegel 7, ses "takeover" logiciels et surtout sa myriade d’androïdes à tous usages dont des "sauvegardés" (des morts ramenés électroniquement à l’existence), des "augmentés" (dotés de capacités décuplées) et les premiers robots "organiques". Des droïdes que certains veulent émanciper tandis que d’autres y sont totalement hostiles au souvenir d’une révolte sanglante des années auparavant à Novigrad.

Au cœur du récit, la détective privée Aline Ruby (alcoolique abstinente) et son équipier Carlos Rivera (mort cinq ans avant et devenu un androïde modèle Vigil 3L1) enquêtent sur la disparition de June Chow, une étudiante en seconde année de cybernétique sur le campus Alan Turing et recherchée pour piratage, accusée d’avoir "déplombé" un robot. Une investigation, à la demande du richissime homme d’affaires Roy Jacker, qui va révéler bien des surprises et dont l’issue peut tout changer sur Noctis…

Jouant très habilement avec les codes du film noir et enchaînant les péripéties (pièges, arrestations, voyage dans l’espace, interrogatoires, course-poursuites, etc.) à un rythme très soutenu, Mars Express réalise le parfait équilibre entre divertissement dépaysant et substrat philosophico-existentiel résonant totalement avec les problématiques contemporaines. Un mélange distillé dans un graphisme sophistiqué (sans jamais être ostentatoire) au réalisme épuré témoignant de l’influence très bien digéré de l’animation japonaise et de la culture manga greffée sur les fondamentaux de la science-fiction à la Isaac Asimov. Une aventure cinématographique européenne ayant touché "le Graal de tous les émancipateurs" en trouvant une voie personnelle dans l’océan très référencé de l’animation futuriste.

Produit par Everybody on Deck et coproduit par Je suis bien content, EV.L Prod, Plume Finance, France 3 Cinéma, Shine Conseils, Amopix et Gebeka Films (qui pilotera la sortie française le 22 novembre prochain), Mars Express est vendu par mk2 Films.

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