email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES Allemagne

Critique : Whispers of War

par 

- Florian Hoffmann combine des images de guerre issues de documentaires avec une fiction qui aborde des sujets comme le deuil, la désinformation et la manipulation par les médias

Critique : Whispers of War
Hadi Khanjanpour dans Whispers of War

Ce mercredi 8 juin a été marqué par l’ouverture de la 24e édition de German Film Fest Madrid (lire l'article) sur une projection de Whispers of War [+lire aussi :
interview : Florian Hoffmann
fiche film
]
, le premier long-métrage de fiction de Florian Hoffman, qui n’a pas manqué à l'appel et qui est venu au rendez-vous espagnol pour présenter son film et débattre ensuite avec le public des différents thèmes qu'il aborde.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Partant de sa propre relation personnelle avec les kurdes exilés en Allemagne, Hoffmann détaille les différents conflits qui affecte son personnage central, Khalil (interprété par Hadi Khanjanpour), un instituteur résidant à Berlin qui a perdu sa famille lors des affrontements avec la Turquie et n'arrive pas à accepter la mort de sa sœur, sur laquelle il n’a aucune certitude absolue. Et voilà qu'un jour, il croit la voir, vivante, dans des images publiées sur les réseaux sociaux. Dès lors, il est happé dans un engrenage dramatique qui va l’amener à franchir plusieurs frontières dangereuses.

D'abord, faisant peu de cas de l’avertissement de quelqu’un qui lui conseille de "ne pas laisser la guerre te contaminer", il s'engage dans un conflit qui va le mettre face à des gens qu'il connaît et des alliés. La tension du film croît à mesure que le personnage s’insinue par ailleurs, avec toute la distance et l'impuissance que sa situation suppose, sur un autre terrain délicat : la désinformation et la manipulation.

C'est qu'en tant que spectateurs, a dit Hoffmann à Madrid, nous exigeons des images de plus en plus fortes et spectaculaires (dans le style d’Apocalypse Now, comme le mentionne quelqu’un à l’écran), or est-il légitime d’altérer la réalité pour attirer l’attention sur certains sujets ? Où est la frontière qui sépare l’éthique du malsain ? Les fake news n'occupent-elles pas déjà trop d’espace aux informations ? Le film ajoute ainsi sa pierre à l'édifice de la critique de la responsabilité sociale et politique des médias, une thématique abordée par le classique Network, main basse sur la télévision de Sidney Lumet ou encore, plus récemment, France [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Bruno Dumont
fiche film
]
de Bruno Dumont, entre autres.

Le troisième grand sujet que traite Whispers of War est le deuil et la manière dont on y fait face. Lors des affrontements entre l’armée turque et les Kurdes, les soldats faisaient disparaître les cadavres des morts et leurs familles n’arrivaient jamais à retrouver leur dépouille, de sorte qu'elles ne pouvaient pas leur dire adieu. C’est exactement ce qui arrive à notre héros avec sa sœur et de fait, il s'accroche à l'idée qu'elle est encore vivante. Pour conserver cet espoir, il va faire l’impossible, ce qui va avoir des conséquences tout à fait dramatiques.

Il faut aussi mentionner le fait que le réalisateur-scénariste du film a combiné des extraits documentaires (des images du conflit fournies par des vidéo-activistes kurdes) à la fiction qui scrute la psychologie de son personnage. Le résultat est un film qui, sans effets de manche narratifs, parvient à maintenir la tension, à rendre compte de la souffrance du peuple kurde et à ouvrir des débats encore plus intéressants que le film lui-même.

Whispers of War, dont la sortie en Allemagne est prévue pour cet automne, est une production de Chromosom Film GmbH, qui s’occupe aussi de ses ventes internationales.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'espagnol)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy