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BRIFF 2022

Critique : Austral

par 

- Benjamin Colaux livre un documentaire hypnotisant sur la passion aussi sublime qu’insensée d’une poignée d’hommes pour la mer, lieu de vie et de mort

Critique : Austral

Avec Austral, son deuxième long métrage documentaire, Benjamin Colaux remporte le Grand Prix de la Compétition Nationale du cinquième Brussels International Film Festival (BRIFF – lire la news). Ce documentaire visuellement sublime (c’est le réalisateur lui-même qui signe l’image) et émotionnellement fort suit la trajectoire de marins au long cours tiraillés entre leur fascination pour la mer, et leur vie sur terre, au sud du sud du Chili.

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Au bout du monde, trois hommes affrontent la mer australe et ses dangers. Ils quittent leur famille, bravent le froid et les tempêtes pour aller à la rencontre de pêcheurs isolés dans les îles tristement célèbres de l’extrême sud du Chili. Tous s’accordent sur l’importance de perpétuer ce métier de tradition et de partage fraternel menacé d’extinction.

Mais alors que Milton se fait un nom dans le milieu malgré l’attachement qu’il voue à ses deux jeunes enfants, Andres, orphelin, tente de quitter ce métier incertain et sa famille maritime pour se consacrer entièrement à la femme qu’il vient de rencontrer. Ces deux histoires gravitent autour de celle de Guillermo tiraillé entre ses blessures familiales et une mer sauvage qui le rappelle inexorablement.

Le film débute à quai, et en musique, sur une très belle partition, mêlant violoncelle et voix, signée par la musicienne Claire Goldfarb. A quelques minutes du grand départ, au loin, une conversation nous happe. Des au revoir, une intimité. Dans un noir et blanc magnifique, hyper contrasté, l’histoire commence, empruntant un dispositif fictionnel pour nous mener à la rencontre de ses personnages. Le film repose sur des dualités, qui parfois se font duos, tour à tour complices ou en conflit, la terre et la mer, les hommes et les éléments.

Les marins passent de longues périodes de leur vie en mer, où la houle, les vagues, le flux et le reflux bercent leur vague-à-l’âme, comme si soudain leur existence se mettait à faire sens. Le danger, toujours présent, est définitivement inscrit dans ce quotidien. Ce n’est plus tant la mort qui effraie, que le fait d’y échapper, ou pire pour certains, que celle-ci sonne à terre.

De retour sur la terre ferme, leurs certitudes s’envolent. Leur place dans le monde, dans leur famille, la légitimité, le besoin d’être reconnu et la culpabilité, une valse de sentiments contradictoires les étreint. Et puis il y a les autres, leurs proches, et ceux de leurs amis disparus en mer, qui leur rappellent, sans cesse, que la mer est aussi un cimetière. Austral, documentaire au long cours, dresse le portrait d’une petite société qui vit, s’émeut, se réjouit et souffre au rythme de la mer, bien consciente de sa petitesse au sein de l’immensité des flots et de la nature.

Austral est produit par Anton Iffland Stettner et Eva Kuperman pour la société belge Stenola Productions (qui a récemment produit Les Intranquilles [+lire aussi :
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de Joachim Lafosse, en Compétition à Cannes, ou encore La Dernière Tentation des Belges [+lire aussi :
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de Jan Bucquoy), et coproduit par Little Big Story (France) et Associate Directors (Belgique).

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