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VENISE 2022 Giornate degli Autori

Critique : The March on Rome

par 

- VENISE 2022 : Étrange mariage que le doigté poétique de Mark Cousins appliqué à un sujet aussi sérieux que la montée du fascisme

Critique : The March on Rome

Cent ans se sont écoulés depuis la marche sur Rome qui a vu le Parti national fasciste de Benito Mussolini prendre le pouvoir en Italie. Et un peu plus d’un an depuis l’invasion du Capitole américain, le 6 janvier, par un groupe de partisans de Trump, furieux des résultats de l’élection présidentielle. Lorsque, au début de son nouveau documentaire, The March on Rome [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Mark Cousins
fiche film
]
, présenté en avant-première hors compétition dans le cadre de la Giornate degli Autori à la Mostra de Venise, Marc Cousins établit un parallèle entre ces deux événements, l’effet obtenu est certes terrifiant, mais hasardeux. Si au premier abord les deux événements peuvent sembler comparables, le premier était un moment relativement négligeable, qui n’avait pas préparé l’Italie et le reste du monde à ce que Mussolini allait finir par faire de son pouvoir. Le second, en revanche, n’était que le dernier souffle d’un régime sur le déclin, événement très vite oublié. Ce n’est qu’à la fin du film que l’idée d’une certaine corrélation entre les deux prend tout son sens.

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Mais même là, et tout au long du film, le sentiment d’appréhension et de scepticisme ne disparait jamais complètement, car Cousins construit son argumentation en s’intéressant davantage aux échos et aux répercussions troublants de l’histoire qu’aux nombreux faits ou aux éléments de construction logique d’arguments complexes. Comme dans ses précédents films, Cousins s’inspire de ses propres idées et des images qu’il voit. Il fait alors des digressions et s’amuse à établir des liens entre le son, l’image et l’histoire. Mais cette approche, dans laquelle il s’applique à lier certains éléments entre eux, ignorant ceux qui ne conviennent pas, repose avant tout sur son appréciation. C’est une approche qui semble ne pas convenir à un sujet aussi complexe que l’histoire politique et sociale.

N’étant pas un expert de Mussolini ou de l’histoire d’Italie, l’auteur s’est souvent demandé ce que Cousins avait éventuellement pu laisser de côté dans le regard librement structuré qu’il porte aux événements de la marche de Rome et de ses conséquences. On aimerait pouvoir mettre le film sur pause pour vérifier certains des principaux propos tenus par le réalisateur, ou voir quels autres aspects de cette marche il a sciemment ignorés ou passés sous silence.

Une grande partie de The March on Rome est l’analyse de Cousins sur le film de propagande de 1923 A Noi, signé Umberto Paradisi, qui est davantage une déformation de la réalité des événements de la marche d’octobre 1922 qu’un témoignage. Grâce à un montage habile, ce qui n’était au fond qu’une marche peu suivie, dans la boue, sous la pluie devient une célébration triomphale et ensoleillée. Les petites foules rassemblées à Rome semblent trois fois plus nombreuses qu’elles ne l’étaient en réalité.

C’est une belle leçon de cinéma et de propagande, mais que penser de l’affirmation de Cousins selon laquelle A Noi est ce qui a inspiré les fascistes du monde entier tout au long de l’histoire, et qui continue de la faire aujourd’hui ? Comme beaucoup d’autres déclarations dans le film, on nous demande de croire le réalisateur sur parole. Ici, les techniques poétiques habituelles de Cousins semblent donc moins innocentes que dans ses précédents films, car elles semblent avoir été délibérément conçues pour détourner notre attention des sempiternelles questions et inquiétudes habituelles. Des segments de fiction sont également essaimés tout au long du film. On y voit l’actrice italienne Alba Rohrwacher dans le rôle d’une Italienne des années 1920-1930, incarnant l’espoir et la désillusion qu’un grand nombre d’Italiens ont pu ressentir à l’arrivée du fascisme, phénomène qui a détruit leur vie avant de disparaître. Mais aussi évocateurs que soient ces intervalles, il est difficile de ne pas se demander : comment le sait-il ?

The March on Rome est une production italienne de Palomar. La distribution en Italie est assurée par I Wonder Pictures. The Match Factory est responsable des ventes internationales.

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(Traduit de l'anglais)


Galerie de photo 31/08/2022 : Venise 2022 - The March on Rome

6 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Mark Cousins
© 2022 Fabrizio de Gennaro for Cineuropa - fadege.it, @fadege.it

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