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TORONTO 2022 Platform

Critique : La Gravité

par 

- Contrôle de la cité et des trafics, poids du passé, conflits du présent et rêve d’avenir ailleurs, se télescopent avec un phénomène cosmique dans un film original signé Cédric Ido

Critique : La Gravité

"Les anciens ont compris. Il y a des règles maintenant ici. Soit vous vous adaptez, soit vous disparaissez", "On voit tout ici, rien nous échappe." En matière de films de cités de banlieue parisienne, le cinéma français a déjà exploré de nombreuses pistes, de La Haine aux Misérables [+lire aussi :
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en passant par le récent Athena [+lire aussi :
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pour ne citer que quelques exemples d’un filon zigzaguant entre veine sociale et thriller, sur fond éventuellement de trafic de drogue ou de désir de s’extraire par un moyen ou un autre de cet environnement défavorisé où les tours ressemblent parfois à des prisons. Mais depuis Gagarine [+lire aussi :
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(2020), une variante est apparue, greffer du fantastique dans cet univers réaliste très codifié, et tel est le pari tenté par La Gravité de Cédric Ido, dévoilé dans la compétition Platform du 47e Festival de Toronto.

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Face A : Christophe (Jean-Baptiste Anoumon) fait son retour dans la cité après trois ans de prison. Le quartier est passé sous la coupe d’une confrérie de jeunes surnommée les Ronin (samouraï sans maître) qui dealent une drogue de synthèse dans un style très organisé (pas d’armes, pas de téléphones, des actions sociales en faveur les habitants, mais la classique intimidation à l’encontre des éventuels concurrents). Dans le panorama, le revenant, qui ne rêve que d’argent et de vengeance (il a été balancé à la police), recroise des figures de son époque révolue : les frères Daniel (Max Gomis) et Joshua (Steve Tientcheu). Le premier, athlète de haut niveau, s’apprête à quitter la France pour le Canada avec Sabrina (Hafsia Herzi) et leur petite fille Naya. Mais il n’ose pas en parler à Joshua, handicapé en fauteuil roulant depuis une chute de jeunesse (dans laquelle est mort le frère de Christophe – une saisissante scène d’ouverture) et très forte personnalité ayant asservi Daniel au quotidien pour l’aider dans ses petits trafics de drogue. Ajoutez à la toile d’araignée, le bavard Jović (Olivier Rosemberg) qui navigue entre anciens et nouveaux boss contrôlant la cité, et quatre nourrices chargées de tenir l’argent de la drogue à l’abri des convoitises dans des appartements, et vous tenez le cadre d’une possible explosion de violence mêlant rancoeurs du passé et projections dans l’avenir…

Face B : mouliné non stop par les médias, un phénomène astronomique imminent et inédit s’annonce car les huit planètes du système solaire sont en train de s’aligner. Le ciel rougeoie de plus en plus et nul ne sait vraiment l’impact qu’aura l’alignement parfait sur l’existence terrestre, tout particulièrement sur la gravité, l’une des quatre interactions fondamentales régissent l’univers, la verticalité humaine, ce qui nous retient à la Terre et la chute des corps. Une allégorie d’atmosphère pré-apocalyptique qui va prendre tout son sens au cœur des querelles intenses de la cité…

Second long métrage de Cédric Ido après La Vie de Château [+lire aussi :
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(2017), La Gravité tisse un mélange original entre ces deux ingrédients principaux. La vie d’une cité où chacun s’épie et complote dans les halls, la difficulté de s’arracher de ce petit monde noué de loyauté et de trahisons et la violence souterraine (une bagarre dantesque), se télescopent avec une dimension de science-fiction crédible et spectaculairement restitué (mention spéciale à la musique composée par Evgueni et Sacha Galperine) pour un film très prometteur d’un talent encore perfectible.

Produit par Une Fille Productions et coproduit Trésor Cinéma, La Gravité est vendu à l’international par Kinology.

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