email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FESTIVAL DU CINÉMA SLOVÈNE 2022

Critique : Grandpa Goes South

par 

- Vinci Vogue Anzlovar propose une comédie bien interprétée qui souffre cependant de la "logique du sprinteur" et de blagues trop tirées par les cheveux

Critique : Grandpa Goes South
Boris Cavazza, Vlado Novák et Zala Đurić dans Grandpa Goes South

Il y a plus de 30 ans, Vinci Vogue Anžlovar s'est lancé dans le cinéma avec Grandma Goes South (1991), une comédie assez douce sur une vieille dame qui s'enfuit de sa maison de retraite, prend en stop deux musiciens de jazz et continue sa route direction le sud dans une Mercedes-Benz décapotable, pour commencer une nouvelle vie. Ce film sans prétention représente toutefois une sorte de jalon, tout simplement parce qu'il a été le premier long-métrage slovène à toucher les écrans après l’indépendance du pays de la Yougoslavie, de sorte qu'il a eu un succès renversant en Slovénie. Anžlovar revient à présent avec un nouveau film délibérément intitulé Grandpa Goes South [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Il faut néanmoins préciser que ce n’est en aucun cas une suite au premier film, et que ce travail d’ailleurs peu de rapports avec le premier long-métrage début d' Anžlovar, bien que les personnages soient aussi des gens âgés (deux, en l'espèce) qui vont dans la même direction, également dans un véhicule motorisé (cette fois un camping-car), le tout sur fond de jazz (ici mélangé avec des morceaux tsiganes des Balkans). Mêlant les figures habituelles de la comédie populaire, du road movie et du film de gangsters, ce titre se rapproche en fait davantage, au niveau du ton, du cinéma slovène du début des années 2000 qui retrouvait le style des comédies légères yougoslaves des années 1980, par exemple Porno Film de Damjan Kozole (2000), Cheese and Jam de Branko Đurić (2003) et Rooster’s Breakfast de Marko Naberšnik (2007).

Anžlovar ouvre son film en présentant trois intrigues articulées autour de trois duos de personnages. Le musicien de jazz tourmenté Vlado (interprété par le comédien Vlado Novák) kidnappe son meilleur ami et ancien camarade musicien Boris (Boris Cavazza, récemment aperçu dans Sanremo [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Miroslav Mandić
fiche film
]
et Once Were Humans [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
) de l’hôpital avec la mission de l’emmener retrouver son grand amour de jeunesse, Neda, qui vit en Serbie. Après une dispute, Esma (Zala Đurić, étoile montante du cinéma slovène) rejoint son petit ami Peter (Timon Šturbej) alors qu'il sert de chauffeur à Miki (Maruša Majer) et Esad (Nenad Tokalić), un duo de tueurs en chemin vers un boulot, sans savoir qu’ils sont sur le point de servir de boucs émissaires. Après être parvenus à s'échapper en voiture, Esma et Peter ont un accident : il meurt et elle se retrouve blessée. Elle est sauvée par Boris et Vlado. Grâce aux contacts d'Esma parmi des gens du voyage, le trio poursuit son échappée avec eux, avec comme destination finale le festival de musique balkanique de Guča, en Serbie.

À en juger les réactions au film dans le circuit des festivals (il a fait une première discrète à CinEast, au Luxembourg, puis une avant-première nationale au Festival of Slovenian Film, ce qui a valu un Vesna du meilleur second rôle masculin à Jonas Žnidaršič, qui joue l’inspecteur de police qui va rejoindre la chasse aux fuyards plus tard); Grandpa Goes South a une meilleure chance de toucher le grand public via une distribution classique dans les salles, surtout dans la région des Balkans. Son humour (qui s’appuie sur les stéréotypes des vieux imbéciles, des Roms magiques et sages et des gangsters des Balkans) pourrait s'avérer trop insensible politiquement pour le public d’Europe centrale et d'Europe de l’Ouest. Les acteurs sont clairement le grand atout du film : Novák et Cavazza ont une belle alchimie dans des rôles habituels pour eux, respectivement celui de vagabond et de type habile ; Đurić apporte une énergie pleine de jeunesse qui les complète bien ; Majer s'amuse manifestement beaucoup à jouer les tueurs philosophes.

Hélas, le film pâtit de sa "logique du sprinter" : il commence à un rythme tellement soutenu que forcément, il retombe à la moitié et ne se relève qu'au dernier moment. Par ailleurs, la photographie de Miloš Srdić fait un peu trop carte postale, la musique composée par Milko Lazar et Anžlovar lui-même est un peu trop écrasante par son omniprésence, et la manière dont les blagues sont amenées et trouvent leur chute est un tantinet déséquilibrée. C’est particulièrement évident dans la séquence à la construction sophistiquée qui se passe dans une station-garage souterraine qui semble tout droit sortie d'une comédie d'Emir Kusturica, et où officie Burduš (Goran Navojec, dont le personnage porte ici le nom du héros éponyme d’un film yougoslave des années 1980), qui fait l’effet d’être une variation sur le travail de Danny Trejo dans les films de Robert Rodriguez.

Grandpa Goes South est une coproduction entre la Slovénie et la Macédoine du Nord qui a réuni les efforts d'A Atalanta, de la Radio-télévision slovène et de Sektor Film.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy